À la découverte de Skye
On est tiré de notre sommeil par le léger bruit d’une cornemuse : au loin on peut entendre de la musique écossaise, sans arriver à distinguer si elle vient de l’hôtel ou de l’extérieur. Il n’est que 6h du matin…
Cette fois on prend le petit-déjeuner à l’hôtel. Après nous avoir indiqué notre table, le serveur nous demande ce qu’on souhaite et il semble bien surpris qu’on ne prenne pas de petit-déjeuner chaud. Notre estomac n’est pas encore prêt à tester les oeufs, le bacon, les saucisses et légumes dès le matin… On se contente de céréales et de toasts à la confiture.
C’est au Morrissons qu’on passe faire les courses pour notre repas de midi en partant de l’hôtel. On trouve un deal qu’on va utiliser les autres jours : £3 pour un sandwich + snack (chips ou desserts comme un yoghourt) + boisson. Ça nous semble correct.
À la caisse, Stéphane essaye de trouver les bonnes pièces de monnaie et s’excuse auprès de la caissière en disant qu'on a du mal à les reconnaître. Elle nous indique avec le sourire que c’est une pièce d’£1 qu’il tient dans ses mains, "the new one !" précise-t-elle. Elle ressemble étrangement à une pièce d’un euro.
On retire £100 au distributeur puis on prépare la voiture, comme tous les jours : roadbook, carte papier, câbles pour les téléphones, tracker activé pour enregistrer les trajets, GPS activé, appareil photo en main… C’est tout un préparatif chez nous avant de prendre la route !
On sort de Fort William et les paysages continuent de nous surprendre. En prenant de la hauteur, on remarque le Ben Nevis sur notre gauche, sommet le plus haut d’Écosse avec ses 1 345m. Je suis contente, il y a encore un peu de neige à son sommet. Ça ajoute un petit plus que j’espérais encore voir malgré la saison. De plus en plus je me dis que si dois revenir (ou plutôt quand…), ça serait encore plus tôt dans l’année.
Un des points de vue sur la route a pour premier plan un champ de cairns : des centaines voire milliers de ces pyramides de petites pierres sont posées là en équilibre. Sur Google Maps, le parking s’appelle d’ailleurs Loch Loyne - Stone Balancing. On peut aussi y voir les montagnes recouvertes de morceaux de forêts, parfois délimitées de manière très nette et linéaire. Ce n’est clairement pas naturel. On se demande alors si les forêts ont été exploitées ou s’il n’y avait rien et que les Écossais en ont plantés pour les exploiter. Certaines forêts sont délimitées par des barrières, il n’y a pas de doute que ce sont des exploitations.
Les points de vue sont grandioses, au point de se croire dans un autre monde, ou sur Mars avec cette couleur brune qui recouvre les montagnes. On a souvent une vue à des kilomètres à la ronde. L’étendue est impressionnante. Sur un des parkings, on voit un couple de français croisés la veille au premier restaurant de Fort William. Comme quoi, les itinéraires des voyageurs se ressemblent souvent.
Après un moment, le soleil commence à nous rejoindre et à pointer le bout de son nez. Parfois le paysage est symétrique et une rivière serpente alors parfaitement en face de la montagne, un mini Horseshoe Bend écossais. Le long de notre trajet, on est agréablement surpris par l’état des routes. Elles sont magnifiques, très praticables. Elles serpentent à travers ce paysage… Un délice !
Le célèbre Eilean Donan Castle apparait un peu après 11h au détour d’un virage. Le parking est rempli, ça change des endroits plus isolés qu’on a pu traverser jusqu’à présent. Les visites ne sont guidées que pour les groupes d’au moins 12 personnes. En dessous, on visite le château par soi-même et des employés sont présents dans les différentes salles du château pour répondre aux questions des visiteurs. Bon à savoir : l’accès au château par le pont se fait en payant l’entrée pendant les heures d’ouverture. En dehors des heures d’ouverture, on peut accéder à l’île du château librement. Ce qu’on visite est en faite une reconstruction puisque la château a été détruit en 1719 puis rénové. Sa reconstruction a duré vingt ans, entre 1912 et 1932.
Les photos sont interdites à l’intérieur. C’est bien dommage car la salle de réception est splendide et n’a pas ce côté austère et lugubre que peuvent avoir les autres châteaux. La visite est intéressante et nous prend presque une heure.
En ressortant, on va faire un tour du côté droit (en étant en face du château) et je passe un bon moment à jouer avec les éléments : la mousse, l’eau, les rochers, le pont… Il y a de quoi s’amuser avec les compositions pour les photos. Le soleil est maintenant plus présent, ce qui n’est pas pour nous déplaire.
On décide de continuer un peu pour trouver un endroit où manger et on a bien fait ! On trouve un parking à Balmacara avec une superbe vue sur Loch Alph et la montagne Sgurr na Coinnich (je serais vous, j’éviterais de vouloir le prononcer…). Il y a même des tables ! Malgré le beau soleil, certains sommets sont encore dans les nuages. Et le vent… Il faut faire attention que notre déjeuner ne s’envole pas !
Après cette pause d’une vingtaine de minutes on continue notre avancée vers Skye. Un peu après avoir traversé le pont, on reçoit un appel sur le téléphone via internet. C’est notre oncle et notre tante qui souhaitent savoir comment se passe notre séjour. Eux qui ont également fait un road-trip en Écosse plusieurs années avant, connaissent les coins qu’on a traversé et nous mettent l’eau à la bouche en parlant des décors de l’île de Skye. D’après eux, on va adorer…
On s’arrête près d’une demi-heure pour l’appel avant de reprendre la route jusqu’à Broadford où on fait le plein. On a encore la moitié mais on préfère avoir le réservoir rempli pour nos deux journées sur Skye, question de précaution. On se note de le refaire lors de notre passage deux jours plus tard quand on reviendra sur le "continent" écossais. Alors qu’on est à la pompe, des propriétaires de deux Toyota aux couleurs rallye des années 90, ainsi que d’autres voitures sportives, viennent hydrater leurs bolides. Stéphane, qui possède également une Toyota sportive (GT86), est sous le charme. Impossible de passer à côté sans les photographier. Une discussion avec le propriétaire n’aurait pas été de refus non plus.
Les sommets semblent plus hauts et plus abruptes dès qu’on arrive sur Skye. Un petite maison permet de mieux visualiser la taille de ces montagnes, dont la forme fait clairement penser à d’anciens volcans. L’Écosse ressemble parfois à la grande soeur de l’Islande : des paysages similaires mais qui sont aujourd’hui dépourvus d’activités volcaniques.
Le groupe de voitures qu’on a vu à la station essence nous dépasse alors qu’on est arrêtés sur un parking à admirer la montagne Glamaig. Le décor est effectivement bien plaisant et les routes sont parfaites pour une sortie voiture entre ami(e)s ! En descendant cette même route, on a le droit à un panorama sur le nord de l’île de Skye qui nous laisse présager une belle journée pour demain. Cette île semble déjà tenir toutes ses promesses.
Notre prochain arrêt est dans le village de Sligachan, qui est connu pour son petit pont de pierres au premier plan devant la chaîne des Cuillins. Les nuages sont accrochés aux sommets les plus hauts de l’île. Encore une fois, je m’amuse près de la rivière pour les photos.
C’est à Sligachan qu’on bifurque pour prendre l’A863, bordée d’un liseré vert sur la carte… C’est bon signe. Un peu avant Bracadale, l’Écosse semble se transformer en Bretagne. On bascule au-dessus d’une bosse et ce sont des falaises qui apparaissent au loin. Décidément, ce pays n’arrête pas de nous surprendre.
On fait une petite pause pour apprécier ce nouveau paysage alors que le vent est impressionnant ! On se demande comment les locaux font pour l’accepter toute l’année. En revenant du voyage, il nous manquera…
Niveau timing, on décide d’aller au Bed & Breakfast où on loge ce soir, avant de continuer notre planning de la journée. On arrive peu après 15h dans le village d’Edinbane. La maison n’est pas évidente à trouver même en ayant les coordonnées GPS et les indications du propriétaire : la maison est juste derrière l’école primaire. On voit enfin le panneau "B&B Kilcamb" mais on ne sait pas si c’est l’entrée de la propriété ou s’il faut continuer… Après quelques minutes d’hésitation, on arrive à destination ! On se dirige vers la sonnette mais personne ne répond. Le propriétaire vient nous accueillir dans la cour : il était dehors en train de travailler sur la clôture.
Thomas est très accueillant et simple; on aime beaucoup son style. Il nous montre notre chambre et nous demande si on dit waïfaï ou wifi. En nous donnant le code pour nous connecter, il dit en plaisantant "Certains c’est waïfaï, d‘autres wifi… Bref…". Il nous parle de quelques restaurants aux alentours, comme je lui avais demandé au dernier moment par message. C’est la première fois qu’on loge en B&B alors on demande s’il y a une heure spéciale à laquelle on devrait être revenus pour ne pas les déranger. Après tout, on est chez eux… "Oh non! Je vais me coucher à 23h mais vous pouvez aller et venir comme vous voulez". Il nous donnent les clés et nous indique celle de la chambre. Il y a aussi celle de la porte d’entrée mais "c’est toujours ouvert" en journée. Après cet accueil très sympathique, on dépose nos affaires avant de repartir pour se diriger vers Neist Point, le point le plus à l’ouest de l’île de Skye.
On s’arrête en cours de route à Dunvegan dans une petite épicerie (Fasgadh Stores) pour s’acheter de quoi manger le lendemain. On en profite pour acheter deux-trois cartes postales, qui semblent s’être perdues en cours de route depuis…. Les destinataires ne les ont (pas encore ?) jamais reçues.
Un peu après Dunvegan, il est temps de repasser sur une "single file track", autrement dit une route à une seule voie. C’est parti pour une quinzaine de kilomètres à naviguer entre la route et les passing places. On croise plus de monde que sur la première qu’on a empruntée mais dans l’ensemble on s’attendait à bien pire ! Les endroits pour stationner sont très nombreux et on voit loin ce qui permet d’anticiper : c’est la clé pour ne pas se prendre la tête. L’état de la route est très correct même si ça devient plus serré et plus cabossé vers la fin. Mais dans l’ensemble ça va très bien et on avance bien plus vite que ce qu’on pensait.
Alors qu’on se dirige de plus en plus vers l’ouest, on réalise que l’endroit est plus habité que ce qu’on imaginait. C’est également vrai pour le reste de l’île de Skye. Je m’attendais à des endroits plutôt déserts. Il n’en est rien. Ne vous m’éprenez pas, je ne parle pas de milliers d’habitants mais il y a bien des maisons dispersées un peu partout.
Alors qu’on arrive à une côte, on ne voit absolument pas ce qu’il y a en face. C’est plutôt dangereux quand on sait qu’il n’y a qu’une voie mais on reste bouche bée quand on découvre ce qu’il y a de l’autre côté. On ne s’y attendait absolument pas. Autant dire que la surprise est énorme.
De ce côté-ci, les montagnes laissent place à des falaises. Le vent souffle extrêmement fort au point qu’il est presque difficile de tenir debout mais la vue est fantastique; encore plus avec ces moutons typiques et les couleurs sont de toute beauté !
On continue un tout petit peu et nous voilà à Neist Point, enfin… au parking. Il y a du monde, on se gare dès qu’on peut le long de la route. J’hésite à enfiler mon surpantalon mais finalement je le mets même si le ciel ne pourrait pas être plus bleu. Je suis bien contente : surprise, je ne sens plus du tout le vent ! Il faut dire qu’il n’est pas très chaud.
Ces falaises qui se dressent là sont un spectacle magnifique. Et ces couleurs ! Que de contraste avec ce vert fluo et le bleu de la mer…
Le phare n’est pas visible depuis le parking, puisqu’il se trouve en réalité à environ un kilomètre de là. On commence à marcher un peu et on découvre le chemin qui doit nous mener jusqu’au phare : wow ! Une grosse descente marque la première étape. On pense tout de suite au fait qu’il faudra la remonter… La pente est si raide qu’ils ont creusé des marches dans la pierre sur la moitié de la largeur du chemin. Des personnes sont en train de monter en utilisant l’escalier, on passe donc par la partie "plate". Les genoux en prennent un coup ! Je me fais d’ailleurs une frayeur en arrivant en bas. Une douleur dans le genou est revenue… La retour va être compliqué. Mais on n’est pas au bout de nos peines. Cette descente n’est qu’une excuse pour une autre montée… C’est au bout de la deuxième descente qu’on arrive au phare. L’effort est récompensé par une vue splendide !
Alors qu’on s’approche du phare, un avion de tourisme survol l’endroit. La vue doit être pas mal de là-haut ! D’ici, elle est déjà magnifique. Les falaises à notre gauche sont impressionnantes.
On décide de descendre encore pour s’approcher un peu de l’eau tout en restant en sécurité, loin des rochers et des vagues qui s’y fracassent. Ce décor nous rappelle vraiment la Bretagne. On a la chance d’avoir ce grand soleil (et toujours pas de crème solaire…). Des campeurs ont installé leur tente un peu plus bas. On se demande comment elle tient avec ce vent ! Ils ont intérêt de bien la tenir quand ils l’enlèveront… Alors qu’on s’éloigne du phare pour rejoindre un peu plus le bout de la péninsule, on se retrouve absolument seuls. Il semble que la majorité des touristes se soit arrêtée au phare.
Il est temps de prendre le chemin retour. La première montée est déjà bien fatigante, alors on essaye de ne pas penser à la deuxième. Surtout que les moutons ont l’air de nous narguer. Comment peuvent-il tenir tranquillement sur une pente aussi raide ? La deuxième montée est bien plus dure. On prend notre temps et les pauses sont de rigueurs pour reprendre notre souffle. Quand on arrive au sommet, on croise un couple de personnes âgées qui fait vite demi-tour en voyant la descente. Il faut dire qu’en tout il y a 140m de dénivelé, soit un immeuble de quarante étages… En prenant notre temps, on a mis un peu plus d’une heure pour toute la visite.
Les couleurs sont très belles mais on n’attend pas le coucher de soleil ici. Il n’est que 18h30 et il faut aussi penser à trouver un restaurant. En reprenant la route, on se gare sur la gauche à l’extérieur d’un virage pour laisser passer une voiture qui vient en face. Deux voitures passent alors à l’intérieur pour nous doubler ! C’est la première fois qu’on assiste à ça. Évidemment ça pose problème un peu plus loin. Ils roulent alors dans le bas côté cabossé pour forcer le passage quand ils croisent la voiture d’en face. On reste garés, après tout on n’est pas pressés et hors de question de faire ça avec la voiture de location. Un peu plus loin, un van doit s’arrêter parce que des moutons sont sur la route.
On décide de retourner à Dunvegan pour voir si on trouve un restaurant, sinon on retournera dans le village où on dort puisqu’il y en a un ou deux. Le premier ne nous tente pas trop. On se dirige au suivant, le restaurant d’un hôtel, le Dunvegan. Il ne paie pas de mine mais on a très bien mangé : Fish & Chips pour Stéphane (il y prend goût !) et de l’agneau pour moi. Le serveur, qui a la manie de faire un clin d’oeil quand il parle, est également très gentil. Je lui pose d’ailleurs une colle en lui demandant ce qu’ils appellent "gravy mashed potatoes". Il met quelques temps à essayer de me l’expliquer. Ça nous amuse tous les deux.
Des motards sont également là. Certains qui ne se connaissent pas entament une discussion sur leurs motos respectives. Au final, on aura vu beaucoup d'Allemands aux guidons de leur BMW. Il faut dire que ce sont des routes parfaites pour un périple en deux roues.
Quand on a finit le repas, il fait encore bien jour. Stéphane aime rouler : pourquoi ne pas faire encore un petit détour avant de rentrer ? Nous voilà à enchainer avec un crochet qui nous emmène sur la péninsule de Waternish; soit une quinzaine de kilomètres sur une route à passing places. Celle-ci est bien endommagée à certains endroits. Heureusement qu’elles ne sont pas toutes comme ça. On ne croise pas grand monde à cette heure-ci. Les couleurs sont fantastiques !
Il est presque 22h quand on rentre au logement pour une bonne nuit de sommeil. Demain, on continue notre exploration de l’île de Skye, avec en prime un moment inoubliable à Old Man of Storr.
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