La météo capricieuse d'Écosse
La nuit a été mouvementée, à l'extérieur tout du moins. Le vent et la pluie s'en sont donnés à coeur joie, au point que le bruit nous a réveillé en pleine nuit; mais le soleil apparait alors qu'on prend le petit-déjeuner. Quel timing ! C'était ici que l'année dernière, Stéphane et moi avions essayé pour la première fois le petit-déjeuner écossais. On se rappelle des poules qui se promenaient dans le jardin de Thomas : les oeufs sont frais, le bacon est succulent… On se régale !
La femme de Thomas, Hayley, est prête à partir au travail. J'en profite pour la remercier encore de l'accueil et lui explique que, cette année encore, ce sera très certainement le meilleur hébergement de notre voyage. Ils sont plus que ravis du compliment. Tout est toujours parfait ici : l'accueil, les chambres, le petit-déjeuner… Il faut dire qu'ils sont extrêmement accueillants, mais sans chichis. Cette année, il y a des nouveaux venus dans la famille : deux labradors.
- "See you next year! There will be 4 dogs!" plaisante Stéphane alors qu'Hayley nous souhaite un bon séjour, en espérant nous revoir dans le futur.
- "Oh, no, no, no! No way this is happening," plaisante Thomas. Apparemment, ils ont bien assez à faire en s'occupant des deux jeunes labradors, étant donné leur comportement : "Ils sont fous ces chiens !" dit-il en rigolant.
C'est un grand ciel bleu qui nous accueille dehors, alors qu'on prend la route pour Neist Point et son célèbre phare. Il faut emprunter une longue route à passing places pour rejoindre le bout de la péninsule. Alors qu'on roule doucement, on est tous les quatre surpris par une projection sur tout le côté gauche de la voiture et particulièrement sur les vitres : sans prévenir, un oiseau (ou plusieurs vu la quantité ?) a fait ses besoins juste au-dessus de nous ! Heureusement qu'on n'était pas en cabriolet… La voiture en est recouverte sur tout le côté gauche !
On fait un premier arrêt sur le bord de la route, en tentant comme on peut d'ouvrir les portières… Le vent est déchainé ! Il n'a pas faibli depuis cette nuit, bien au contraire ! La météo prévoit du 42 mph soit près de 70 km/h mais ces indications sont pour la ville de Portree. En bord de mer, le vent est bien plus fort que ça. On doit s’y mettre à deux pour pouvoir refermer la portière en remontant en voiture !
En arrivant à Neist Point, il est même difficile de rester debout. Stéphane et mon père entament la première des deux grandes descentes pour rejoindre le phare, qui se trouve à plus d'un kilomètre du parking. Il y a bien trop de vent pour notre mère. Je reste avec elle, et nous tentons de monter au-dessus du parking pour apercevoir le phare par le côté, puisqu'il est caché par la péninsule. Il y a tellement de vent qu'on est surpris de voir des projection d'eau venant d'une cascade : l'eau remonte au lieu de se jeter dans la mer ! Il n'y a aucune protection près des falaises et dans ces conditions, s'approcher de trop nous paraît risqué. On laisse tomber avant de faire demi-tour. Je l'accompagne jusqu'au début du chemin qui descend vers le phare, juste pour lui montrer le dénivelé impressionnant : plus de 80 mètres à descendre, qu'il faut bien évidemment remonter ! Je me rapelle que cette dernière ascension avait été difficile l'année dernière, pourtant les conditons étaient excellentes. Aujourd'hui, l'effort doit être bien plus dur.
Le vent est si fort que ma mère a du mal à respirer. On retourne donc s'abriter dans la voiture, en attendant que Stéphane et mon père reviennent. Les moutons nous narguent : ils traversent la route et descendent la pente qui est en contrebas, comme si de rien n'était. Le vent n'a pas l'air de les gêner le moins du monde. Au loin, l'écume passe par-dessus la falaise ! Un jeune couple descend de voiture, accompagné par les parents, qui semblent assez âgés. Le père met quelques instants à trouver l'équilibre, aidé par sa canne. Mais ils ne resteront pas bien longtemps non plus.
Après près de quarante-cinq minutes, Stéphane et mon père reviennent à la voiture. Il est temps de reprendre la route pour monter vers le nord de l'île cette fois. L'A855 qui longe la côte nord de Skye nous avait tellement plu l'année dernière, qu'on avait fait la route deux fois dans la journée. Il est donc inconcevable de couper pour rejoindre The Quiraing : on profite à nouveau de la vue magnifique sur la mer, sur les falaises et sur les îles de Lewis & Harris au loin.
Après plusieurs minutes, nous voilà dans mon coin préféré d'Écosse. On reconnait tout de suite les montagnes aux flancs rudes, aux herbes jaunâtres. C'est un autre monde par ici, on se croirait réellement sur une autre planète. La route prend de la hauteur pour rejoindre le col, qui se cache après quelques virages et une dernière épingle où un camion est en train de manœuvrer, incapable de la prendre en une fois.
Arrivés en haut, c'est l'un des plus beaux panoramas qu'on peut admirer, un paysage qui ressemble à s'y méprendre à l'Islande, d'après ce que m'ont dit plusieurs personnes. Il faut dire que la nature est bien sauvage ici. On a de la chance d'avoir de très belles conditions : des nuages noirs et des rayons de soleil, comme pour accentuer encore les contraste d'un paysage déjà magique. Mon coup de coeur de l'année dernière est renforcé par cette seconde visite. Cet endroit est spécial et bizarrement, c'est inexplicable.
On se balade un peu sur le début du chemin qui mène à The Table, un plateau au bout de la falaise. Mais comme l'année précédente, impossible d'aller plus loin : le chemin n'est pas large et la pente est raide… Trois d'entre nous sommes stoppés par le vertige, on ne poussera donc pas plus loin. Mais jamais deux sans trois : je tenterai à nouveau dans le futur, car je reviendrai de toute façon ! Qu'importe qu'on ne puisse pas faire la randonnée dans sa totalité, le paysage qu'on a sous les yeux est déjà fabuleux et comme la dernière fois, je n'ai plus du tout envie de repartir.
Il est 13h30 quand on rejoint le parking, bondé, où se trouve également un food truck. Stéphane et moi achetons de quoi manger, avant de reprendre la route vers le sud. On profite d'un petit arrêt le long de la route pour admirer les îles de Raasay et Rona : c'est d'ailleurs sur cette île qu'un terrain est à vendre; l'achat est bien tentant…
Old Man of Storr est couvert de gros nuages noirs lors de notre arrivée, vers 14h. On s'équipe pour ce qui est la plus dure des randonnées qu'on a faite l'année dernière. Les nuages ne sont pas rassurants et je doute que débuter la randonnée à ce moment-là soit très judicieux. On va se prendre la saucée, c'est certain.
On a déjà fait plusieurs centaines de mètres de montée (avec un sacré dénivelé !) quand les gouttes arrivent… Malgré notre équipement (imperméable de la tête aux pieds), on redescendant d'une traite pour se mettre à l'abri dans la voiture. C'est une grosse pluie d'orage qui s'abat sur la région. Mais étant donné la force du vent, l'averse passe en quelques minutes. On attaque à nouveau la montée, sous un grand soleil cette fois ! Le reste des gros nuages passent plus à l'est, sur les îles de Raasay et Rona et sur la région d'Applecross. On peut ainsi admirer les alentours tout en montant péniblement la côte, car la vue mythique de ces pics de pierre se mérite : une ascension sans interruption avec plus de 300 mètres de dénivelé, sur deux kilomètres d'ascension... Un bel arc-en-ciel est là pour nous redonner de la motivation.
Étant donné la pluie qui vient de s'abattre, la deuxième partie du chemin est périlleuse : glissante et boueuse. De nombreuses pauses sont nécessaires mais on en viendra à bout ! On est impressionnés que notre mère ait pu réussir à monter jusqu'au sommet, malgré sa douleur à la hanche. Ce n'était pas facile pour elle, mais elle a fait l'effort et on est vraiment heureux qu'elle puisse admirer le décor sublime qui nous entoure. Le point de vue est totalement différent d'en haut. Quel endroit majestueux ! Le ciel se couvre à nouveau et les conditions deviennent bien différentes de l'année dernière mais donne un charme fou à l'endroit, qui en devient presque mystique.
Stéphane et mon père se risquent à monter sur le monticule, au bout du chemin, en bravant les fortes rafales. Il faut dire qu'on est au sommet, entre deux parois rocheuses, autrement dit : en plein dans le couloir emprunté par le vent, qui fait des ravages par ici ! Ma mère et moi redescendons de quelques mètres pour nous mettre un peu à l'abri. On finit par s'asseoir pour les attendre, afin de ne pas tomber !
Pour redescendre vers le parking, on fait le tour des pics du Old Man of Storr avant de bifurquer sur un deuxième chemin, qui décrit une boucle, rallongeant la descente d'un bon kilomètre. Mais le chemin est beaucoup moins emprunté que le principal. Alors qu'on est à quelques centaines de mètres de la voiture, des gouttes commencent à tomber. On peut dire qu'on a littéralement fait cette visite entre deux averses. Il était temps qu'on arrive !
Mine de rien, il est déjà plus de 18h quand on reprend la route pour rejoindre le sud de Skye, et plus particulièrement Kyleakin, une ville qui se trouve juste avant le pont qui permet de rejoindre le "continent". Une soixantaine de kilomètres sont donc encore nécessaires pour arriver à notre hébergement de ce soir mais c'est parce qu'on a souhaité s'avancer sur la route du lendemain. On fait un arrêt à Portree mais la fatigue raccourcit un peu la visite. Il faut aussi penser à manger… Surtout que les restaurants ferment tôt en Écosse.
En chemin vers Kyleakin, le coucher de soleil colore les nuages qui sont encore sur le nord de l'île. Le temps de prendre possession des clés de la chambre dans la Mackinnon House & Lodge, qui semble être une grande maison bourgeoise, puis on se rend vers les restaurants de la ville. Le soleil est sur le point de passer l'horizon, en-dessous du pont de Skye, alors que des jeunes sont en train de se baigner… Quelle idée par cette température !
On entre dans un premier restaurant, mais il va bientôt fermer. Il faut commander et manger au bar, plutôt que dans le restaurant lui-même. Il y a un peu trop d'agitation et de bruit pour nous ce soir; on a besoin d'un peu de calme, après cette grosse journée. On traverse la rue pour essayer le Saucy Mary Lodge. Une bonne trouvaille ! Il faut commander au bar mais on peut s'installer tranquillement à table. La barmaid est très gentille et attentionnée, en prenant le temps de nous expliquer et de s'assurer qu'elle a bien noté la commande. Mon père et moi avons vu un peu grand en commandant notre pizza respective… puisqu'elle fait 40 cm de diamètre ! Autant dire qu'on ne les finira pas, même si on l'a bien entamée ! Pas grave, on emporte le reste, qui nous servira de repas pour demain.
On rejoint notre chambre alors qu'il est 22h. Une bonne nuit de sommeil bien méritée nous attend, dans une chambre un peu froide à notre goût.
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