Premiers pas sur Skye
C'est la pluie qui nous accueille ce matin. Décidément, la météo est plus capricieuse cette année qu'en 2017. Il faut dire qu'on est encore tôt dans la saison : le temps est plus instable. Le petit-déjeuner n'est pas compris ce matin, on prend donc la direction d'un petit magasin en centre ville pour s'acheter quelques pains au chocolat et de quoi prendre un petit-déjeuner lors de notre attente pour embarquer sur le ferry, qui doit nous emmener sur l'île de Skye.
Une Porsche est garée à côté de nous sur le ferry. Je n'ai pas vraiment envie de la rayer, d'où mon hésitation à ouvrir ma portière. Mon père aide le conducteur de la Porsche à sortir en mettant sa main entre sa portière et l'arrière de notre voiture pour ne pas qu'elles entrent en contact. Il fera de même pour que je puisse sortir de la voiture et prendre l'air le temps de la traversée. On est surpris de la taille du ferry : l'île de Skye est bien plus touristique que l'île de Mull et pourtant le ferry est bien plus petit. Il faut dire que Skye, contrairement à Mull, est également accessible par un pont, qu'on prendra d'ailleurs pour en repartir.
Alors qu'on quitte Mallaig, il y a comme une bruine qui nous enveloppe, voire même de la pluie. On est bien équipés mais de temps en temps, on se met sur le bord du ferry, aux rares endroits abrités. L'horizon est totalement bouché, au point de ne pas voir du tout où nous allons. Un caneton est seul sur l'eau, loin de la rive, à quelques mètres à peine du ferry… J'espère qu'il n'a pas été emporté par les courants !
Alors qu'on s'approche de la côte, on remarque le même bateau qu'on avait vu quelques jours plus tôt, à Oban, le "Stockholm". On débarque à Armadale, puis on décide d'aller jusqu'à la pointe sud de l'île et le minuscule village d'Aird. C'est une toute petite route à passing places qui longe la côte. De l'autre côté, les nuages menaçants engloutissent le paysage. Quelle atmosphère !
On reprend ensuite la route pour remonter vers le nord, en s'arrêtant sur un parking le long de la route, près de Loch Airigh na Suiridhe. Par choix, nous avions omis la partie sud-ouest de l'île l'année précédente; la majorité des visites d'aujourd'hui sont donc des nouveautés pour nous aussi. Cette journée nous confirmera que l'on peut rester une semaine sur cette île sans s'ennuyer. Il y a tellement d'endroits à découvrir !
On se dirige ensuite jusqu'au bout de la péninsule d'Elgol, qui est censée offrir une belle vue sur la chaîne de montagnes The Cuillins, dont le plus haut sommet culmine à 992 mètres d'altitude. La route contourne le Loch Slapin et la vue est saisissante ! Le sommet des montagnes est enfouit dans les nuages mais l'ambiance est particulière, presque mystique, et ces gros nuages ne me dérangent plus.
Dans le village d'Elgol, la route pour arriver au port est incroyablement pentue. La descendre à pied est bien plus facile que de la monter ! C'est bien calme par ici, avec très peu de monde. Deux jeunes personnes viennent ouvrir un stand qui propose des balades en bateau. Je ne pense pas que leur clientèle soit importante en cette saison…
Une maison se trouve juste au pied de la falaise. À marée haute, elle doit se retrouver coincée entre la mer et la paroi rocheuse… Ce doit être une drôle d'impression. L'eau est clair mais le ciel, lui, est bien foncé ! Le sommet des Cuillins ne sera pas visible aujourd'hui; pas de ce point de vue en tout cas.
Je m'étais notée la possibilité de faire la randonnée entre Kilmarie et Camasunary, qui offre une vue sur la baie. Malheureusement, il faut faire un choix. La météo n'est pas la plus propice à une "longue randonnée" de plusieurs heures et le temps nous manquera peut-être pour faire le reste des visites de la journée. On décide de laisser tomber, et de se diriger plutôt vers The Fairy Pools : un lieu emblématique de l'île de Skye.
On refait le trajet inverse pour revenir vers la route principale, afin de continuer notre chemin. Les nuages se sont un peu levés autour de Loch Slapin. Je ne me lasse vraiment pas de cet endroit ! Dans un champ, une demi-douzaine de moutons me regardent, un peu perplexes.
Alors qu'on est sur le point de rejoindre la route principale, le soleil pointe le bout de son nez et éclaire un paysage magnifique. La couleur grise et marron de ces montagnes, ainsi que leurs formes, nous rappellent sans cesse l'histoire volcanique de ce pays. On s'arrête sur le bord de la route pour prendre quelques photos. Une femme vient se garer à nos côtés. "On ne peut pas faire 200 mètres sans s'arrêter ici !" nous lance-t-elle en rigolant, alors qu'elle sort de sa voiture. On est tout à fait d'accord !
Nous revoilà sur des portions de route par lesquelles on est déjà passés l'année dernière. D'ailleurs, on s'arrêter faire le plein à Broadford; comme lors de notre précédent séjour. Les stations-service sont plus rares sur le reste de l'île, autant être prévoyants.
L'A87 contourne Loch Ainort et offre une vue sur le sommet Glamaig. Ce passage est toujours aussi impressionnant, quelle belle entrée en matière quand on arrive sur Skye. Et voilà qu'il reste des plaques de neige sur le sommet des Cuillins, pour mon plus grand plaisir !
On ne peut pas passer à Sligachan sans s'arrêter au célèbre pont en pierres qui enjambe la rivière. La vue sur ces montagnes noires est fascinante, surtout avec une météo pareille. Cette fois, on continue à pied sur le chemin qui s'enfonce un peu plus dans la vallée, le temps d'arriver au sommet d'une bosse, qui nous laisse découvrir d'autres montagnes cachées derrière. Dire qu'il y a tellement d'endroits en Écosse qui ne sont accessibles qu'à pieds, et ainsi préservés de la grande majorité des touristes !
La route qui mène aux Fairy Pools est magnifique ! Au détour d'un virage, nous voilà face aux Cuillins et cette fois, on peut admirer les sommets enneigés. De collines et d'anciens volcans, nous voilà maintenant face à des montagnes qui nous rappellent les plus hauts sommets des Alpes, sauf que ceux qu'on admire à présent ne font "que" 992 m de haut.
Arrivés sur le parking, qui est bondé, on prend notre repas de midi avant que certains d'entre nous aient besoin d'aller aux toilettes. On voit clairement que le chemin qui mène aux cascades est particulièrement dégagé : il n'y a que très peu d'arbres dans ce pays… Et il n'y a pas de toilettes publiques sur le parking. Cela devient problématique. On trouve un coin caché dans un reste de forêt, près du parking : et nous ne sommes pas les seuls à l'avoir trouvé ! De nombreux papiers jonchent le sol un peu partout sur une surface assez importante. Des progrès pourraient largement être faits dans les coins touristiques en ce qui concerne les toilettes publiques, afin de ne pas retrouver tout cela en pleine nature… Je comprends qu'ils veulent garder les endroits aussi sauvages que possible mais pourquoi ne pas mettre au moins des toilettes sèches, comme dans les parcs nationaux américains ?
On entame la randonnée, qui fait un peu plus de trois kilomètres aller-retour, sous un vent déjà fort mais qui va ne faire que s'intensifier au cours de la balade. Le chemin commence par descendre, avant de passer par un petit ruisseau, qu'il faut traverser en marchant sur de petits rochers. Au bout de quelques minutes, le chemin longe la rivière et les premières cascades apparaissent. L'eau est tellement clair et d'une couleur verte par endroits ! Le cadre est magnifique. Inutile de dire que je m'arrête tous les dix mètres pour photographier ce lieu sous tous les angles… La lumière est fantastique grâce à ces nuages noirs au-dessus des montagnes et aux rayons de soleil qui illumine le reste du paysage.
Alors qu'on remonte le long de la rivière, on s'approche de plus en plus des sommets pointus des Cuillins. Quel décor ! Au bout d'un moment, un panneau nous indique que nous avons atteint la fin de la randonnée des Fairy Pools : une manière de nous inviter à faire demi-tour pour ne pas endommager l'environnement en s'aventurant plus loin.
On revient tranquillement sur nos pas, alors que le vent prend encore plus d'ampleur. On entame la dernière montée pour arriver au parking, sous un vent tellement violent qu'il est difficile de rester debout ! On doit parfois rattraper notre mère pour ne pas qu'elle tombe. On est plusieurs à être sur le point de perdre l'équilibre ! Bien que très touristique, cette randonnée reste l'une des plus belles du séjour.
La route continue jusqu'à Bualintur, qui se trouve le long de la mer. Un camping est d'ailleurs situé près de la plage. Quel bel endroit pour passer la nuit : entre mer d'un côté et montagnes de l'autre. Il est déjà presque 17h et il nous faut refaire la route en sens inverse pour continuer notre remontée de Skye. L'avantage c'est qu'on profite encore une fois de la vue sublime des Cuillins.
Un autre endroit que nous n'avions pas visité l'année dernière sur Skye est la célèbre baie de Talisker, connue pour ses célèbres galets noirs. On décide d'y aller, en empruntant une route sublime, qui offre une vue spectaculaire sur les Cuillins et Glamaig.
La surprise est de taille lorsqu'on arrive au bout de la route : il n'y a pas vraiment de parking, mais plutôt une petite place en terre où faire demi-tour. Mais où se garent tous les touristes en été ?! D'après mes recherches, il faut une vingtaine de minutes pour accéder à la plage depuis le soit-disant "parking", soit quarante minutes aller-retour. On est fin d'après-midi, il se fait déjà tard : il y a encore de la route pour rejoindre notre logement à Edinbane et les restaurants ne sont pas nombreux dans les environs, sans compter qu'ils ferment tôt… Jamais deux sans trois : je garde donc la baie de Talisker pour un troisième séjour, car je suis certaine qu'il y en aura un !
On s'arrête à la célèbre distillerie, la seule de l'île de Skye, mais sans surprise elle a fermé une heure plus tôt. On espère quand même avoir l'occasion d'en visiter une d'ici la fin du séjour.
Ce soir, on retrouve le meilleur logement de notre voyage de 2017 : le B&B Kilcamb, tenu par Thomas et sa femme Hayley. On avait eu un peu de mal à les trouver la première fois, mais cette fois, on connait le chemin. "Tiens, ils ont refait la route ?" lance Stéphane en voyant le macadam tout neuf. Au détour d'un virage, on aperçoit derrière nous les Cuillins et ce panorama splendide : la mer, les pâturages, les montagnes enneigées…
En route, on voit au loin un panache de fumée venant d'un champ. Les incendies ont l'air de nous suivre… C'est Hayley qui nous accueille, contente de retrouver des visages familiers. Nous de même ! L'endroit est toujours aussi bien entretenu et Hayley est toujours aussi accueillante. Il n'y a que deux chambres, on est donc les seuls hôtes pour cette nuit. Elle prend le temps de nous donner toutes les informations et quelques recommandations pour le dîner.
On ne va pas loin ce soir : ce sera l'Edinbane Inn, le seul restaurant de la ville. Notre table est située dans la veranda, au calme. La serveuse est aimable et comprend vite qu'on est Français. "You're French? Vous vous plaisez en Écosse ?" nous demande-t-telle, avant de s'amuser : "So you're driving on the wrong side of the road, huh?" Au moins, ils ont le sens de l'humour ! Comme à notre habitude, ce sera Fish & Chips ce soir : le poisson est tellement grand qu'il dépasse de l'assiette !
Après le repas, on ne rentre pas tout de suite. On fait la route jusqu'au port de Uig, au nord de l'île : la nuit est en train de tomber et la petite ville s'illumine. Il y a toujours énormément de vent, la houle est bien visible sur la mer, alors que les vagues se fracassent contre les rochers. Et la pluie vient s'en mêler aussi ! On espère que la météo sera clémente demain, car c'est une journée qu'on attend avec impatience, pour revoir deux des plus beaux coins d'Écosse et en particulier mon endroit préféré : the Quiraing.
Poster un commentaire