Let's go racing !
Après quelques jours passés en plein milieu de l’Iowa, on est de retour à Chicago pour les derniers jours de notre voyage. En ce samedi matin ensoleillé, on reprend la route en direction de Joliet pour participer à la Richard Petty Experience. Cette équipe de Nascar, créée par le plus grand champion de la discipline, propose régulièrement des stages de pilotage sur différents circuits du championnat. Et par chance, ils sont à Chicago une semaine après la course de Sprint Cup.
En arrivant à Joliet, on est surpris de voir les abords du circuit complètement vides. On a plutôt l’habitude de voir les champs remplis de voitures et les tribunes noires de monde. On se dirige alors vers l’entrée principale du circuit. Là, on préfère demander à un gardien si on est au bon endroit. Évidemment, ce n’est pas le cas. Il nous redirige alors vers la porte numéro 5, au nord du circuit. Quelques minutes plus tard, on découvre que cette porte permet d’entrer librement dans l’infield en traversant le tunnel qui passe sous la piste. On se gare juste derrière les garages qu’on a pu visiter une semaine plus tôt.
J'ai prévu de faire la Ride-Along Experience qui consiste à faire 3 tours à côté d’un pilote professionnel. Stéphane hésite encore à faire la Driving Experience qui consiste à faire 8 tours de circuit au volant de la voiture. Finalement, je finis par le convaincre. Ce n'est pas tous les jours qu'il aura cette occasion ! S'il ne le fait pas aujourd'hui, il ne le fera probablement jamais.
On se présente à l’accueil situé dans la remorque d’un camion pour demander s’il y a encore des places de disponibles pour rouler puisqu’on n'avait pas réservé. On nous dit qu’il faut aller voir "Miss Katy" dans le media center, qui nous confirme avec le sourire qu’il y a encore une place pour 9h30. Stéphane rempli donc les formulaires et montre son permis de conduire. Comme toujours aux États-Unis, la photo surprend étant donné que c’est la même depuis ses 16 ans alors que les américains doivent régulièrement renouveler leur permis de conduire (et payer à chaque fois…). Après cette nécessité administrative pour dire qu'on ne les poursuivra pas en cas de pépin, il enfile sa combinaison de pilote et on prend place dans la salle de briefing. Je l'accompagne, je suis curieuse… C’est tout simplement la salle de presse où ont lieu les interviews des pilotes après la course.
Le briefing dure environ 45 minutes et commence par une vidéo de présentation. Le chef-mécano explique ensuite tout ce qu’il faut savoir pour rouler en sécurité et profiter pleinement de l’expérience. Des cônes et des marques sont positionnés sur la piste pour faciliter les trajectoires et repérer les points d’accélération et de décélération. Il explique d’emblée qu'ils n’utiliseront pas les freins sauf pour le retour au stand. Les mains doivent être positionnées à 10h15. La main gauche est légèrement plus haute pour pouvoir tirer sur le volant dans les virages. Ils ont aussi droit à un chapitre sur la sécurité, qui est prise très au sérieux. A la fin du briefing, ils essayent leurs casques et le chef-mécano leur précise qu’ils seront en communication radio permanente avec l’instructeur assis à côté d'eux. Il est temps de prendre la direction des stands où attendent les voitures : elles font 650 chevaux.
Ensuite, direction les sièges en bord de piste pour attendre son tour : il ne passera que dans les derniers. L'attente est longue ! Surtout que des nuages font leur apparition. On espère qu'il n'y aura pas de pluie pour qu'on ait tous les deux le temps de passer. Les amis et la famille peuvent rester juste à côté dans un espace dédié, le long des stands.
11h15 : c’est l’heure. Stéphane est appelé au micro, il enfile son casque et se dirige vers la Chevrolet n°10. Pour monter à bord, ce n’est pas aussi simple que dans une voiture de série puisqu’il n’y a pas de porte : il faut passer par la fenêtre. On commence par passer la jambe droite, puis on s’assoie sur le rebord en se tenant au toit, avant de passer la jambe gauche et de se laisser glisser dans le cockpit.
Pour le reste… c'est une expérience personnelle donc je lui laisse la parole :
"Une fois à l’intérieur, je me sens vraiment bien assis et très en sécurité, quoiqu’un peu nerveux. Je fais la connaissance de Ricky, mon moniteur pour ces quelques tours de piste. Je lui dis que je suis français et comme d’autres, il est très surpris de l’apprendre. Pendant qu’un mécanicien vérifie la voiture, on discute Nascar et course automobile. Il me dit qu’étant donné que je suis français, je devrais bien m’en sortir avec l’embrayage et le levier de vitesse. Je rigole et j’espère qu’il a raison : je n’ai pas vraiment envie de caler au départ avec Virginie qui est en train de filmer.
Le mécanicien nous fait signe que tout est OK et Ricky me demande d’accélérer légèrement pour qu’il puisse démarrer le moteur. Et là, quel son et quel bruit ! On ne se lasse jamais d’un bon gros V8. Cette fois ça y est : je ne peux plus reculer et mon cœur bat de plus en plus vite. Pour démarrer, Ricky me rappelle de stabiliser le régime moteur à 3000 tours par minute et de relâcher doucement l’embrayage. La voiture commence à bouger et on avance dans la voie des stands où je dois rester en première à 3000 tours par minute. Une fois la ligne de sortie franchie, je passe la deuxième dans le virage 1, en restant sur la partie plate de la piste, puis la troisième à la sortie du virage 2 et enfin la quatrième dans la ligne droite arrière. C’est le moment de monter sur l’ovale et d’entrer dans le virage 3 avant de prendre de la vitesse dans la ligne droite avant.
Les trajectoires sont vraiment très importantes mais extrêmement difficiles à maîtriser. Quand on est dans la ligne droite arrière, on frôle le mur à l’extérieur de la piste avec pour moi une vitesse maximum de 230 km/h. En arrivant sur le virage 3, on relâche l’accélérateur, ce qui provoque un ralentissement équivalent à un freinage d’urgence dans nos voitures de série. Dès l’accélérateur relâché, on plonge vers l’intérieur du virage en allant chercher la ligne blanche au pied de l’inclinaison. C’est bien plus dur qu’il n’y paraît : il faut tirer vraiment fort sur le volant pendant que la force centrifuge pousse la voiture vers l’extérieur. Et c’est vraiment un sentiment exceptionnel d’entrer dans le virage à cette vitesse. Dès le milieu du virage, au passage du virage 3 au 4, on recommence déjà à accélérer progressivement en laissant la voiture nous emporter vers l’extérieur et vers le mur. Là encore, c’est une drôle d’impression de voir le mur s’approcher si vite.
La ligne droite avant est quant à elle assez difficile et Ricky m’avait prévenu. C’est difficile car ce n’est pas vraiment une ligne droite. Il faut donc tourner tout en sachant que l’inclinaison de la piste est moindre que dans les virages. On doit donc faire un gros travail sur le volant pour amener la voiture là où l'on veut : c’est à dire au milieu de la piste entre le mur extérieur et la pelouse. Et croyez-moi, j’ai plusieurs fois échoué à passer entre les marques posées au sol.
Les six tours de piste sont passés très vite mais c’est quelque chose qui restera graver dans ma tête pour le restant de ma vie. Une expérience incroyable qui m’a permis de bien me rendre compte à quoi sont confrontés les pilotes de Nascar. Le retour au stand m’a également bien surpris étant donné que la puissance de freinage de la voiture n’est pas très impressionnante. Ricky me dit que c’est normal. Ces voitures sont faites pour aller vite, pas pour freiner.
Je sors finalement de la voiture en étant épuisé et en ayant mal aux bras. Je me rends compte à ce moment-là que conduire une voiture de Nascar est très physique. La semaine précédente, les pilotes avaient bouclé 267 tours. Ricky me félicite et me dit que j’ai vraiment assuré. De mon côté, je le remercie pour ses conseils et pour son aide. Il a été un très bon moniteur. "
Effectivement, il ressort épuisé et en sueur ! Mais avec le sourire, ça me fait plaisir. Après avoir retiré son casque et sa combinaison, c’est à mon tour d’aller prendre place dans une voiture mais cette fois sur le siège passager. Je ne suis pas assez confiante pour prendre le volant. Je choisis donc de profiter au maximum en étant seulement passagère. Il n'y a qu'à s'assoir et profiter de l'expérience.
J'enfile donc aussi un casque et une combinaison. Après un peu d’attente, je me dirige vers la voiture avec le sourire. J'ai la chance de monter dans la Toyota décorée aux couleurs de Kyle Bush. Ouf, l'autre c'était la Ford de Logano… c'est pas mon préféré. Une femme est là pour m'accompagner puis on m'aide à accéder au cockpit. Sans le casque ça irait très bien mais là, il est un peu obligé de me pousser dedans.
J'ai les jambes allongées vers l'avant, les bras un peu relevés. C'est sûr que niveau confort, on repassera. L'intérieur est simple : de la ferraille, du métal… Pour vous donner une idée, voilà un peu ma vue si je regarde vers la gauche (photo qui n'est pas de moi hein !) :
L’avantage du pilote professionnel, c’est que lui est autorisé à déjà accélérer dans la voie des stands et à monter directement sur l’ovale dans le virage 1. C'est une sacrée impression que de passer de la partie plate à une inclinaison de 18° alors qu'il est à fond sur l'accélérateur. J'ai le sourire jusqu'aux oreilles, heureusement que je ne vois pas ma tête. Je dois avoir l'air cinglée ! En plus avec le bruit c'est juste phénoménal. Alors qu'il arrive au virage 3, il lâche l'accélérateur et ma tête se retrouve dans le pare-brise (enfin presque). Le chef-mécano avait dit qu'ils n'utilisent pas les freins alors je ne m'attendais pas à ça ! Effectivement, c'est équivalent à un freinage d'urgence dans nos voitures de tous les jours alors qu'il n'appuie même pas sur le frein. En plus dans le virage, on est projeté vers la droite. Je pense à bien respirer. Oui, d'un coup respirer ne me semble plus aussi banal et systématique que dans un contexte normal. Un peu comme au karting, pour ceux qui en ont déjà fait.
J'atteins la vitesse de 265 km/h en étant assise sur le siège de droite donc très près du mur dans les lignes droites. J'essaye pendant quelques secondes de regarder vers la droite. Argh le mur ! Il défile à une vitesse impressionnante. Il n'y a pas de vitre, juste un petit filet qui me sépare de l'extérieur. On est à quelques centimètres seulement. Je donne un coup d'œil vers le pilote, enfin j'essaye. Il est concentré. Heureusement ! Je n'arrive pas bien à lire les compteurs. C'est pas grave. Je profite à fond, toujours avec la banane.
En ressortant de la voiture, celui qui m'avait aidé à entrer dans la voiture, m'aide à ressortir (plus facile) et me demande si tout va bien. Et comment que ça va bien ! Je veux le refaire !
Si on veut, on peut acheter une photo ou la vidéo embarquée de notre expérience. Mais après avoir déjà payé plusieurs centaines de dollars, on ne va pas mettre encore 90$ pour une vidéo. À ce prix-là, ça pourrait être inclus. Tant pis, les souvenirs sont dans la tête. Et quels souvenirs ! Notre expérience Nascar est maintenant complète et on aura vraiment profité à fond de notre séjour aux États-Unis pour mieux comprendre cet engouement populaire et cette ferveur qu’on a du mal à ressentir depuis l’Europe. Une chose est sûre, si on a la chance de retourner aux États-Unis, on retournera assister à une course !
Voilà la vidéo de notre expérience dans une voiture de Nascar :
Il est maintenant temps de quitter Joliet et de trouver un endroit où manger. Après avoir désespérément cherché un KFC indiqué sur notre GPS, mais qui a disparu de la surface de la Terre, on s'arrête finalement au Burger King près de l'autoroute. On a le droit à une grosse averse quand on veut ressortir. On court se réfugier dans la voiture d'où on passera un appel FaceTime aux parents. Ils peuvent entendre le tonnerre. Nous, on peut voir les éclairs. Ils ne sont pas loin… Il semble que la météo ne soit pas meilleure du côté de Chicago. On choisit donc de passer l'après-midi à chasser. L'iPhone 6 est sorti mais encore faut-il le trouver. On fait un premier essai dans la zone commerciale d'Orland Park. On se met dans la file d'attente en plein milieu du Orland Square Mall. Un employé d'Apple vient pour nous demander le modèle qu'on aimerait. Il est dispo ! Il revient deux minutes plus tard pour nous dire que le dernier vient juste d'être vendu… On rebrousse chemin.
Notre prochain arrêt est Oak Brook, IL pour le Oakbrook Center, un centre commercial très bien aménagé. On se promène comme dans un parc avec fontaine, pelouse et parquet.
La file d'attente est bien visible devant l'Apple Store. On retente notre chance mais il n'est plus dispo non plus. On se console avec un Vanilla Bean Frappucino chez Starbucks. Je découvre enfin, et avec plaisir, qu'ils ont ce genre de boisson sans café. Je pensais à tort que tous les Frappucino étaient à base de café !
En revenant vers Chicago quelque chose nous interpelle sur l'autoroute. Les panneaux numériques au-dessus des voies indiquent le nombre de tués sur la route dans l'état de l'Illinois depuis le début de l'année. Il est inscrit 624. Une semaine plus tôt, en allant à la course de Nascar, il était indiqué 604. Ouïe. Je trouve que c'est plutôt une bonne idée de l'actualiser au fil des jours. Je trouve que ça a plus d'impact.
En s'approchant de la ville, on passe près de la Willis Tower. Elle me fait penser à un épouvantail ou à Wilson dans Seul au monde avec ces deux yeux formés par les cages en verre et ces antennes blanches sur la tête. Oui, j'ai une imagination débordante...
On revient en plein centre de Chicago et comme pour notre premier jour en ville, on se gare près du Lincoln Park. On refait le même trajet à pieds à travers le parc mais cette fois-ci avec le soleil. C'est quand même plus agréable. On s'arrête quelques instants pour regarder un match de football (soccer) féminin. C'est déjà bizarre de voir du soccer ici, au milieu des buildings, mais alors féminin… En plus elles se débrouillent pas mal.
On continue de traverser le parc en passant par la passerelle au-dessus d'un étang (South Pool). Il y a là deux vélos contre la barrière. Quand les deux jeunes propriétaires me voient pointer mon appareil photo dans cette direction, ils me demandent s'ils doivent les enlever. Non, surtout pas ! "Oh! It improves the picture!" disent-ils en souriant, en comprenant que c'est justement ce que je veux sur la photo pour changer un peu des photos assez classiques de la ville.
On continue notre chemin jusqu'à North Avenue Beach pour le coucher du soleil. Les couleurs sont magnifiques.
Je mets en route un timelapse avec mon petit trépied et je prépare le grand pour quelques photos.
Certains font encore leur jogging, d'autres sont assis au bord de l'eau pour admirer la ville alors qu'elle s'illumine. D'autres encore sont sur leur portable au lieu de profiter du spectacle…
Encore une fois, la différence entre la ville illuminée et le lac complètement noir est impressionnante.
Alors qu'il fait maintenant nuit, on voit un policier en quad sur la plage. Il s'approche de nous et s'arrête à notre hauteur. Oups… On se demande ce qu'on a fait de mal. Peut-être que les trépieds sont interdits, qui sait ? Il éteint son quad et demande "Getting nice pictures?" On s'approche de lui et je lui réponds que j'essaye en tout cas. Il sort son téléphone de la poche et nous dit "Il faut que je vous montre celle que j'ai prise l'autre jour. Pas mal hein ? Sans flash !" Effectivement son téléphone fait de belles photos de nuit. Il en montre une autre. Dire qu'il peut en faire tous les jours… Son bureau est pas mal niveau vue. "Well, hope you guys get nice pictures! As good as mine!" nous dit-il en rigolant, avant de repartir.
On reste encore une petite demi-heure avant de retourner tranquillement vers le parking. En retraversant le Lincoln Park, on entend le tonnerre et on aperçoit furtivement des éclairs au loin. On s'arrête une dernières fois pour quelques photos avant de rentrer.
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