Derniers moments au bord du Pacifique
Ding, ding ! Le réveil nous tire du lit à 6h. Sans trop de difficulté, quand on a pour objectif d'aller admirer le lever du soleil depuis Venice Beach, avec vue sur l'océan Pacifique. Ça motive rudement, malgré la fatigue de la longue journée de route de la veille, et la fatigue accumulée au cours de ce voyage.
On essaye de trouver une place de parking dans les alentours mais ce sont de vieux parcmètres et on n'a plus de monnaie depuis longtemps… Finalement, on se gare sur W Washington Rd, à deux pas de la plage. Là au moins, on peut payer par carte. On regarde les panneaux en essayant d'y comprendre quelque chose. Il y a tellement d'informations que c'est toujours difficile de savoir quand on peut se garer et quand c'est interdit. Deux personnes nous confirment qu'il n'y a pas besoin de payer jusqu'à 8h. "Mais soyez là avant parce qu'à 8h pétante, ils viennent pour mettre les PVs. Ils ne font pas de cadeau." Finalement, on préfère payer une heure de parking supplémentaire par carte bancaire pour être tranquille jusqu’à 9h.
On avance sur la plage et sur le Fishing Pier alors que les couleurs embrasent déjà la ciel et se reflètent dans l'océan. C'est un spectacle magnifique qui nous accueille ce matin ! Le calme est brisé uniquement par le bruit des vagues, bruit auquel nous ne sommes pas habitués. Quel spectacle auquel on a le droit pour notre dernier lever de soleil ! Une manière parfaite de finir en beauté un voyage exceptionnel qui aura été une réussite, du début à la fin.
Il est 7h, un premier surfeur se lance à l'assaut des vagues, vite rejoint par des dizaines d'autres. Alors que le soleil se lève, la couleur de l'eau est surréaliste. On dirait un miroir, ou de l'étain liquide.
On continue la promenade en allant jusqu'au bout de la jetée. Plusieurs pécheurs sont déjà en train d'attendre une prise. L'endroit est loin d'être propre et les mouettes s'en donnent à coeur joie, en espérant récupérer quelques miettes de poissons. Le spectacle est fantastique cela dit. On se croirait réellement dans un film…
Face à la jetée, de l'autre côté de la ville, on aperçoit une épaisse fumée : il semble qu'un incendie se soit déclaré dans les montagnes, celles-là même qu'on a traversées la veille.
Alors qu'on revient vers la plage, un homme se promène avec un grand husky. Le chien est en train d'essayer de choper un poisson, au bout de la canne à pêche qu'un pécheur est en train de lui tendre.
- "You want it? You can have it!" le pêcheur propose au maître de lui donner le poisson qu'il vient de pêcher, pour son chien.
- "No, but thank you very much though. I truly appreciate that!"
Sur la plage, un tracteur est en train de lisser le sable. À notre grande déception, il ne le tasse pas. On a vraiment l'air d'être les seuls à galérer pour marcher dans le sable… Stéphane veut enlever ses chaussures pour aller tremper les pieds mais au moment où il se déchausse, un grosse vague vient mouiller ses pieds et ses chaussures ! L'eau est un peu fraiche mais il passe quelques minutes les pieds dans l'océan Pacifique. De mon côté, je ne m'y essaye pas… Je préfère garder les affaires, et les pieds au sec !
On trouve de tout sur la plage, caché dans les algues : notamment des lunettes de soleil et une bouteille (sans lettre à l'intérieur…). Certains surfeurs sortent de l'eau. Il est l'heure d'aller travailler peut-être. Commencer la journée par une session de surf doit être sympa : c'est effectivement un très beau cadre de vie.
On marche un peu vers le sud, le long des bâtiments qui ont les pieds dans le sable. Une voiture de sauveteurs, la plage à perte de vue, les appartements avec vue sur l'océan, et un SDF qui dort au pied d'un des immeubles. Un autre se promène dans la rue, quand on retourne à notre voiture. Tout est comme dans les films. D'ailleurs, une équipe de tournage a investi le grand parking de la plage.
On revient à l'hôtel, qui n'est qu'à cinq minutes en voiture, pour prendre le petit déjeuner. À la télévision, on voit qu'un incendie s'est déclaré vers le Mt Wilson Observatory. C'est bien celui qu'on a vu depuis la plage, et à moins d'une dizaine de kilomètres de la route qu'on a empruntée la veille. Si ça se trouve, le paysage qu'on a pu admirer hier est bien différent aujourd'hui…
Il est bientôt 10h et le vol n'est qu'à 15h20. On a largement le temps, puisqu'on se trouve près de l'aéroport. On décide alors de faire un tour aux célèbres canaux du quartier de Venice. Finalement, on ne regrette pas du tout d'avoir changé d'hôtel pour cette dernière nuit : on en profite encore pour visiter, au lieu de passer notre matinée dans les bouchons.
On se gare dans une rue proche avant de rejoindre les canaux à pieds. On trouve ici des maisons de styles totalement différents les uns des autres. Certains sont en train de rénover : le bruit des scies et des marteaux se fait entendre dans tout le quartier. Plusieurs petits ponts de bois, eux aussi aux styles bien distincts, enjambent les canaux.
C'est vraiment très mignon et très calme. Bien qu'en pleine saison, ça doit grouiller de touristes. Ce doit être un peu embêtant pour ceux qui vivent ici, surtout qu'on voit parfois très bien dans les salons… Cela dit, beaucoup doivent être probablement des locations de vacances. En tout cas, c'est clair et net qu'il ne vaut pas mieux pas essayer de rentrer sur ces propriétés : le pancartes "Armed Response" décourage tout intrus. D'autres arborent plutôt des décorations d'Halloween, et certains n'y vont pas de main morte.
Il est presque 11h quand on reprend la route, en passant près de Marina Bay, où les immeubles semblent à deux doigts de s'écrouler, faute de terrain sous leurs pieds… L'érosion risque de faire des ravages dans les prochaines années. On longe l'océan, comme le premier soir de notre voyage, en passant devant Dockweiler Beach. D'énormes navires, probablement des pétroliers, sont visibles près de la plage. Ils n'ont même pas besoin d'accoster puisqu'ils déchargent leur marchandise via des tuyaux qui plongent dans l'océan, jusqu'à l'usine El Segundo.
On s'arrête ajouter quelques litres d'essence pour que l'aiguille soit bien sur Full, puis on passe près de l'aéroport avant de repasser devant Randy's Donuts ! C'est comme si c'était hier qu'on s'est arrêté pour en acheter quelques-uns, au tout début de notre roadtrip. En repassant par ces endroits du premier jour, on a vraiment l'impression que le donut est bouclé… Enfin, que la boucle est bouclée.
On arrive chez Alamo vers 11h30 et la prise en charge est toujours aussi rapide ! On avait profité d'un arrêt précédent pour essayer de ranger au maximum toutes les affaires (câbles, carte, dépliants, etc.) qui trainait à droite à gauche dans la voiture. On vérifie bien qu'on n'a rien oublié. Et alors qu'on veut refaire un tour à l'intérieur pour en être sûrs, c'est trop tard : la voiture est déjà partie. En tout cas, ils n'ont rien dit concernant la peinture blanche… C'est un petit soulagement.
La navette met une vingtaine de minutes à arriver au terminal B de LAX, où se trouve Lufthansa. On adore le fait que le chauffeur nous demande la compagnie aérienne qu'on prend, pour pouvoir nous déposer juste où il faut.
Une dizaine de minutes plus tard, on enregistre nos bagages : 16,4 kg et 12,4 kg. On est très loin des 23 kg autorisés… On voyage léger et on ramène peu de souvenirs ! Même si nos bagages à main, eux, sont bien remplis. Le voyageur du comptoir d'à côté a moins de chance : il est en train d'enlever des affaires de sa valise pour gagner du poids, pour ne pas avoir à payer un supplément.
Il y a une demi-heure d'attente pour passer la sécurité, pendant laquelle on remarque la très longue queue de personnes en fauteuils roulants. La patience est de rigueur pour eux. Une dame dit d'ailleurs à son accompagnatrice qu'elle préfère essayer de marcher que d'attendre tellement longtemps.
On mange vite quelque chose à KFC, avant de prendre la direction de la porte d'embarquement 156 pour prendre pour la première fois un A380. Le service de nettoyage est en train de monter à bord. On se rend compte qu'il reste 1h10 à attendre et non 10 minutes comme on le pensait. Zut ! Je me dégourdie les jambes, pensant déjà aux onze heures où je serai assise…
À 14h20, les employés redescendent de l'appareil, il leur aura fallu 50 minutes pour nettoyer l'appareil ! En même temps, c'est un bel oiseau. On a des sièges dans la partie arrière, à l'étage, mais on doit passer par le bas, et traverser tout l'appareil… avant de monter l'escalier qui mène en haut. Le chemin est semé d'embuches avec tous ces voyageurs qui essayent comme ils peuvent de caser leurs bagages.
Arrivés en haut, c'est une très bonne surprise. La classe économique est petite, avec une quarantaine de sièges. C'est très agréable. On a les dernières places, sur le côté droit : deux sièges seulement côte à côte, comme on aime. On a de grands rangements à côté de nous, côté hublot : je peux y mettre les couvertures, les oreillers, mon appareil photo, l'ordinateur et bien plus encore. Et on remarque qu'on a bien plus de place pour les jambes que les autres. On l'impression d'être en Business ! Bon, d'accord, peut-être en Économie Premium… Ça fait du bien tout cet espace. Par contre, impossible de ranger nos sacs dans les compartiments au-dessus de nous, qui sont trop plats par rapport à ceux des rangées du milieu. Mais l'hôtesse nous explique qu'on peut les poser derrière nos sièges, vu qu'on se trouve tout derrière. Elles sont parfaites ces places, dites donc !
Alors qu'on se dirige vers la piste de décollage, une voiture nous escorte. Peut-être est-ce dû à la largeur de l'appareil : ils s'assurent qu'aucune voiture ne passe sur la piste à côté de nous, sous les ailes ? Un plus petit avion est en train de nous grater ! Il nous dépasse par la droite.
C'est l'heure de prendre notre envol, de quitter le territoire américain, comme toujours, à regrets… On s'envole vers le Pacifique avant de faire demi-tour, nous offrant ainsi une derrière vue sur Los Angeles. Très vite, on reçoit un paquet de bretzels et de crackers, ainsi qu'une boisson, alors qu'on passe les montagnes pour commencer à survoler le désert.
Le paysage change très rapidement, nous offrant tour à tour, désert, montagnes, lac… On survole un champ de panneaux solaires et un autre d'éoliennes. Au fond, il y a même l'Edwards Air Force Base. Plus loin, on a sous nos pieds l'Isabella Lake. Puis un gros panache de fumée est visible : un des nombreux feux de forêts de Californie. Vue du ciel, c'est impressionnant !
Le spectacle est splendide avec ces montagnes, peut-être est-ce Death Valley ? On survole des sommets enneigés, puis très vite le soleil se couche, non sans offrir un dernier spectacle : des couleurs fabuleuses, comme si les réacteurs prenaient feu… C'est une image, hein, on espère que ce ne sera pas vraiment le cas !
Comme à mon habitude, impossible pour moi de dormir lors des vols retours (ni même allers, finalement…). Je regarde un bout du film Last Vegas, pour voir des images de la ville, et le début de Seven, mais je laisse vite tomber. La fatigue est là, mais rien à faire. Comme toujours, le vol semble sans fin quand on ne dort pas… Regarder la carte sur l'écran n'arrange rien. Je patience comme je peux, en ouvrant de temps en temps le volet du hublot pour admirer les milliers d'étoiles, ou en commençant à écrire le récit...
On atterrit à Francfort à l'heure mais s'en suit une très longue attente pour pouvoir trouver une place de parking ! Deux A380 quittent le terminal pour se diriger vers la piste de décollage, nous laissant ainsi la place pour accéder à la porte d'embarquement.
Pas de bol, mon passeport ne passe pas à la borne automatique. Je vais peut-être repartir d'où je viens alors, si je n'ai pas le droit de rentrer en Europe… Un agent m'aide mais rien à faire, je suis obligée de passer devant un douanier, au comptoir. Zut, lui me laisse rentrer !
Les parents nous attendent et on a plein de choses à leur raconter ! Mais, évidemment, je m'endors peu de temps après m'être assise dans la voiture, épuisée par ce trajet et ces journées de voyage bien remplies.
On aura mis du temps à le faire, mais ce voyage dans l'ouest américain aura rempli toutes ces promesses. Et même en ayant vu des milliers de photos de ces célèbres endroits avant de partir, il faut vraiment le voir et le vivre pour réaliser l’immensité et la beauté de ces espaces ! En attendant, Stéphane a été piqué par le virus du voyage : il parle déjà de préparer un nouveau roadtrip, mais cette fois en Californie, avec une grande boucle qui ferait le tour de l’État. Alors, on refait nos valises quand ? Espérons en tout cas que nous n’aurons pas à attendre trois nouvelles années pour retraverser l’Atlantique et refouler le sol d’un pays extraordinaire !
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