L'extravagance de Las Vegas
Oh malheur, on a oublié de programmer le réveil ! Nous voilà encore au lit un peu avant 9h. Ça ne nous ressemble pas du tout. C'est bien la première fois que ça nous arrive pendant ce voyage. Mais en s'étant couchés à 1h ou 2h du matin (suivant l'heure sur laquelle on se base…), on ne peut pas vouloir se lever à 6h. On se calque sans le vouloir sur l'heure de Las Vegas : couchés tard, levés tard. En même temps, aujourd'hui on n'est pas pressés puisqu'on reste en ville. Le principal c'est qu'on puisse encore prendre le petit déjeuner. Ouf, il est encore servi à cette heure-ci !
On commence tranquillement la journéea en allant au Stratosphère, où le parking est gratuit. C'est le premier casino dans lequel on entre et très vite on se rend compte que ce qu'on en dit est bien vrai : tout est fait pour qu'on s'y perde. Aucune fenêtre et aucune horloge afin de perdre la notion du temps. Les différentes machines de jeux, tables et bars se ressemblent comme deux gouttes d'eau : notre sens de l'orientation part aux oubliettes et très vite on ne sait même plus par quel côté on est entrés.
Certains bars ont même des machines de jeux incrustées dans le comptoir pour que les clients puissent jouer tout en sirotant leur boisson… Et s'ils ne jouent pas, il y a du football américain sur quasiment toutes les télévisions. Oh, sur l'une d'entre elles, ils diffusent la course de NASCAR en direct !
On essaye de trouver l'entrée pour monter en haut de la tour qui offre une vue sur la ville et après de nombreuses minutes de marche dans ce labyrinthe, on y parvient enfin. Mais c'est plus par curiosité que par motivation puisque étant donnée l'heure, la lumière ne sera pas terrible : on risque d'avoir le soleil en face. On rebrousse donc chemin en essayant tant bien que mal de s'y retrouver…
Après être revenus à la voiture, direction le parking du Palazzio, puisqu'on a pu s'y garer sans problème la veille : autant faire simple et retourner au même endroit pour entamer la visite du Strip, en journée cette fois-ci.
On peut admirer les canaux du Venetian de jour et la clarté de l'eau est incroyable : on dirait que les gondoles sont en lévitation ! Cette fois, on se permet d'entrer pour voir à quoi ça peut bien ressembler… C'est grandiose, comme l'extérieur. Les murs, les colonnes et les plafonds nous font effectivement penser aux grandes bâtisses italiennes.
On se perd un peu dans les couloirs, on prend un ascenseur aux murs de bois magnifique ! On se retrouve à l'étage, dans des couloirs qui mènent on ne sait où mais clairement on ne se sent pas très à l'aise dans un décor pareil, dans une tenue pareille. Pourtant on n'est pas les seuls à se balader en tenue décontractée… mais on a toujours l'impression que quelqu'un va nous arrêter pour nous escorter dehors.
On fait un saut dans le hall du Mirage et ses palmiers sous sa coupole de verre, avant de se rendre au Caesars Palace. L'écran géant qui se trouve sur le trottoir est gigantesque ! Et que dire de la statue de César qui se trouve à l'entrée ? En préparant le voyage, j'avais lu que certains hôtels, comme le Caesars Palace, compte plusieurs milliers de chambres. Je me demandais comment c'était possible, étant habituée des hôtels de taille raisonnable. Mais en voyant le nombre de bâtiments qui composent le complexe hôtelier, je comprends mieux tout d'un coup ! L’hôtel est tout simplement composé de plusieurs immeubles.
Un petit tour dans le Bellagio puis il est temps de visiter la Big Apple en allant faire un tour dans le New York New York. À l'entrée, c'est un mur de télévisions qui nous accueille ! Il y a aussi des écrans d'affichage, comme à la bourse, pour les paris sportifs.
On est à Vegas, on va bien sûr essayer de jouer ! On n'a jamais touché une de ces machines et on ne comprend pas vraiment comment ça marche… J'avais joué au jeu VegasSlot avant de partir alors j'ai quelques notions mais rien de bien concret. Mais si déjà on est là, autant tenter ! On joue 5$ en appuyant un peu au pif sur certains boutons. Évidemment, on perd rapidement 1,50$. Puis on est à 6$, et enfin à 10$. On est riches ! Mine de rien, on vient de gagner 5$ depuis le début. C’est à ce moment qu’il faudrait retirer notre argent mais on est ici pour jouer, on remet donc tout ça en jeu mais on souhaite essayer d’autres machines. Petit problème, quand on choisit de retirer notre argent ("Cash out"), la machine nous donne alors un "voucher" avec la somme qu’il nous reste, qu'il faut ensuite insérer dans d'autres machines. Sauf que trouver une machine qui accepte ces vouchers, et pas simplement des billets, c'est compliqué ! À croire qu’ils le font exprès.
On tourne un peu en rond. Stéphane ne veut pas tester sur les machines au style ancien et beaucoup indiquent "Bills only", autrement dit : des billets. Après plusieurs minutes, on en trouve enfin une autre qui accepte notre petit bout de papier. Évidemment, on finit par tout perdre. Enfin, pas tout à fait : il nous reste 12 centimes. Mais bien sûr, on ne va pas les réclamer. Je n'ose pas imaginer combien d'argent ils se font tous les jours… surtout si chaque touriste dépense ne serait-ce que 5$ pour "s'amuser". D'autres en revanche, se font plaisir avec des sommes plus importantes : on en voit qui mette en jeu plus de 50$ à chaque pression sur le bouton. Aïe… ça fond vite.
Après être restés près d'une heure au New York New York, à dépenser nos cinq petits dollars, on retrouve la sortie (avec peine encore une fois). Petite astuce : repérez toujours un détail en entrant dans un casino pour retrouver l'endroit où vous êtes entrés. Dans mon cas, c'était une enseigne qui se trouvait près des écrans d'affichage et des télés.
Quand on retrouve la lumière du jour, on retrouve aussi l'excitation de l'avenue et ses voitures en toute genre : des Hummers limousines aux nouvelles Corvettes, en passant par des voitures anciennes… Deux motards se cherchent un peu en faisant ronronner leurs moteurs, tout en ayant la musique à fond. Ça ne semble gêner personne par ici et ils ne sont pas ennuyés par la police non plus. Alors qu'on remonte l'avenue, les taxis et voitures avec chauffeurs klaxonnent à tout va aux piétons qui traversent au rouge. D'où les passerelles à la plupart des carrefours… c'est bien utile ! On comprend facilement que ça doit être énervant à force, quand on travaille dans un tel environnement toute l'année… Certains sont bien remontés et restent sur le klaxon de longues secondes pour se faire entendre et se faire remarquer par les piétons, qui parfois lèvent la tête au dernier moment.
Nous voilà chez nous, à Paris. Enfin pas vraiment, on est d'Alsace et on en est fiers ! Cela dit, c'est assez déroutant de se retrouver dans un décor aussi bien reconstitué. Les lampadaires, les petits bâtiments, les terrasses de cafés, la rue pavée… Ce qui est le plus frappant dans l'hôtel, c'est la lumière artificielle : on a réellement l'impression de marcher dans les rues de Paris, en soirée, au point d'oublier qu'on est à l'intérieur d'un bâtiment. C'est surprenant ! C’est sûr qu’on peut facilement y passer des heures sans s’apercevoir du temps qui passe. On profite de notre passage devant un bar-restaurant pour jeter un coup d’œil aux derniers tours de la course de NASCAR. Enfin pas tout à fait… Dès qu'on voit que Keselowski est en tête, on continue notre chemin.
Sans trop savoir comment et pourquoi (passages secrets ou perte totale de l'orientation ?), nous voilà au Bally's, où la taille des salles de jeu est juste hallucinante. On n'en voit pas la fin et elles sont remplies ! Je me demande combien de personnes jouent dans ces salles tous les jours… On peut presque entendre le bruit des cagnottes que doivent se faire ces casinos. Cling, cling, cling… C'est bien connu, Casino rule #1 : the house always wins ! J’adore la commodité de trouver des distributeurs de billets (les fameux ATMs) dans les salles de jeu : quand il y en a plus, y en a encore… Jusqu’à ce que votre banquier vous passe un coup de fil pour vous dire que vous êtes à sec ?
Les croupiers portent des maillots d'équipes de football américain et certains touristes également. On est en pleine saison des play-offs et ça se voit. Il y a d'ailleurs une parade composée d’employés qui traverse, en musique, le hall de l'hôtel et la salle de jeux. Eux aussi portent des maillots de football.
On remarque que toutes les salles de jeux ont une odeur particulière, mais assez commune les unes aux autres. Une odeur de moquette et de fumée peut-être. D'ailleurs, il y en a qui fument la pipe, le cigare, une cigarette ou bien clairement quelque chose de plus corsé, en même temps qu'ils jouent… C'est déroutant pour nous qui n'avons plus l'habitude des endroits fumeurs.
On continue notre balade sur le Strip en remontant vers le nord avant de s'arrêter au McDo pour notre repas de midi. La chaleur et la foule, qui ne fait que grandir au fil de la journée, commence à peser; et on a besoin d'un peu de calme. On revient presque au pas de charge à la voiture pour repartir vers 16h30 en direction de l'hôtel. Une bonne douche suivie d'une petite sieste nous feront du bien pour se remettre d'aplomb, après ce gros coup de barre. On se réveille, il fait quasiment nuit : il est presque 18h. Décidément, aujourd'hui c'est la journée farniente !
On se motive comme on peut pour prendre la direction de Fremont Street. Sur beaucoup d'écrans géants des casinos, le hashtag #VegasStrong était encore présent aujourd'hui. En passant sur l'autoroute près du Mandala Bay, c'est un message de soutien aux familles des victimes et de remerciements aux premiers secours qui était affiché sur leur écran géant.
On trouve un parking couvert payant (3$ pour 1h) tout près du Fremont Experience : une rue piétonne du centre-ville de Las Vegas, recouverte tout du long par des écrans lumineux. Certains des plus vieux casinos de la ville s'y trouvent. L'ambiance est déjantée. Toutes les musiques se côtoient : rap, blues, DJ… Toutes les classes sociales se côtoient également : des artistes de rues, des bureaucrates en soirée, des mendiants, aussi… Les lumières sont impressionnantes et font presque mal aux yeux. Il y en a partout ! Et la tyrolienne… Il est possible de parcourir la rue accroché à la tyrolienne du plafond. Ah, la démesure et le show à l'américaine !
Un Afro-américain fait un geste à un gars debout, près du bar, à propos de sa casquette : le pouce levé, il lui serre ensuite la main. On dirait bien qu'il confesse la défaite de son équipe de foot favorite, face à celle de cet autre supporter. Fair-play. Ça me rappelle alors le geste d'un fan à la course de NASCAR de Chicago, il y a trois ans, qui supportait le même pilote que moi.
Stéphane remarque le T-shirt d'un homme qui se promène devant nous : "I've lived through Obama, now you can live through Trump" ("J'ai vécu sous Obama, maintenant tu peux vivres sous Trump"). Décidément, ici, on n'a aucun problème à afficher ses soutiens, qu’ils soient politiques ou sportifs.
On prend ensuite la direction du Treasure Island : j’avais lu qu’on pouvait avoir une vue sympa sur la ville depuis le dernier étage de son parking couvert. À l’entrée, il est écrit "For guests only". On est peut-être dans le mauvais… Mais de toute manière, on ne reste que quelques minutes, pour profiter des hôtels depuis un point de vue différent : un peu en hauteur, on a l'impression d'observer tout ce petit monde sans être vu. On peut aussi voir les boules de feu du spectacle du Mirage jaillir entre les arbres, comme une grosse explosion.
Après ce dernier aperçu du Strip de Las Vegas, on prend la route vers l'hôtel… jusqu'à ce qu'on se rende compte qu'on ne s'est même pas arrêtés au célèbre panneau "Welcome to Fabulous Las Vegas", au sud du Strip. Le parking de cet aménagement est minuscule et la file pour y entrer est monstrueuse. On décide de se garer de l'autre côté, sur le parking du concessionnaire Harley Davidson.
Il y a effectivement beaucoup de monde, mais pas la cohue à laquelle on peut s'attendre à un endroit aussi touristique, où tous veulent être pris en photo devant ce célèbre panneau. Non, pas aujourd'hui… et pas depuis deux semaines semble-t-il. Quand on arrive, le pied du panneau lumineux est noyé dans une mare de bouquets de fleurs, de bougies, de mots, de drapeaux… tous déposés là pour rendre hommage aux victimes de la fusillade. C'est un calme impressionnant qui règne ici, bien différent de l'agitation qui a lieu à seulement quelques centaines de mètres plus au nord. Étrange de voir juste derrière ce panneau, le tristement célèbre Mandalay Bay. Et sur un autre écran géant, toujours ce hashtag #VegasStrong.
Derrière le panneau, 58 croix sont alignées les unes derrières les autres. Elles ne sont presque plus visibles, recouvertes par tant de fleurs, de mots, de drapeaux, de maillots de foot, de bougies… Sur la bordure en béton, des personnes ont écrits quelques mots. L'un d'eux me frappe "#BostonStrong is there for #VegasStrong", daté d'il y a deux jours. Près du panneau lumineux, c'est un rocher entier qui est recouvert de mots de soutient et de condoléances, tout comme les grillages environnants.
Après une vingtaine de minutes passées plus que silencieusement à cet endroit, on descend Las Vegas Boulevard pour manger au Denny's. L'attente est plutôt longue ce soir et la serveuse s'excuse de nombreuses fois. Elle a l'air tellement désolée… La peur de perdre son pourboire peut-être ? Quand on y pense, ça doit jouer énormément sur leurs comportements.
Il se fait tard, on ne traine pas pour aller au lit parce que demain, une longue… longue route nous attend. Plus longue que prévue même, pour retourner où tout a commencé : Los Angeles.
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