La traversée du désert
Une nouvelle journée commence, la première sur le sol américain et elle commence de bonne heure ! Le décalage horaire nous réveille à 4h30. On se lève une demi-heure plus tard. La première tâche est de remplir nos sachets zip de glace grâce à la machine à glaçons de l'hôtel. C'est bien pratique pour garder notre nourriture au frais dans la glacière.
On emmène déjà quelques sacs à la voiture parce que ça devient compliquer de tout prendre en une fois... On se prête à un petit casse-tête matinal pour faire rentrer ça dans le coffre de la meilleure manière possible. Entre deux valises, deux sacs à dos, un bagage cabine, un sac ordinateur, une glacière et un sac de course… Comment dire, on ne voyage pas léger ! Heureusement qu'on a attendu pour ce modèle de SUV, les autres auraient été un peu juste au niveau de la capacité du coffre.
Il y a comme un épais brouillard sur la ville, comme lorsqu'on a atterri hier après-midi. Publicité mensongère que de dire qu'il fait toujours soleil et 25°C à LA !
On demande ensuite au réceptionniste s'il n'a pas quelque chose qui nous permettrait d'ouvrir nos téléphones pour échanger nos cartes SIM. Mon forfait Free, et donc l'accès à la DATA, est censé fonctionner ici sans surcoût mais mon portable (Huawei P9 Lite) ne semble pas compatible avec les fréquences américaines et on voudrait donc essayer de mettre la carte dans l’iPhone de Stéphane. Il nous donne gentiment un trombone qui fera l’affaire. Ouf, ça fonctionne sans problème et on aura accès aux appels et à internet qui sont toujours utiles pour faire des recherches si besoin.
6h, c'est l'heure du petit déjeuner ! On reste encore sur quelque chose de plutôt classique avec chocolat chaud, céréales et toasts. Notre estomac ne comprend déjà pas pourquoi on mange ça à cette heure-ci, on ne va pas lui imposer des choses trop bizarres. Allez, si, peut-être un œuf. Je testerai les gaufres une autre fois, ce n'est que partie remise.
Il est 7h15 quand on plie bagages et le premier carrefour nous met déjà la pression : Turn On Red ou pas ? Un automobiliste le fait en face de nous avec une voiture de police à ses fesses. C'est donc que ça doit être autorisé… On s'aventure en passant au rouge.
Avant de prendre définitivement la route pour sortir de la ville, on fait d'abord un arrêt chez Randy's Donuts, à cinq minutes de l'hôtel. Il est connu pour faire les meilleurs donuts de la ville. Il y a déjà du monde qui attend en formant comme d'habitude une belle file indienne.
Un deuxième comptoir ouvre et quel plaisir de voir que personne ne se jette dessus : la première personne à attendre s'y dirige tranquillement alors que les autres restent là à patienter : toujours sur une seule file. Que ça fait du bien un peu de civilité ! Ça contraste fortement avec un homme que j’avais vu quelques semaines auparavant dans un supermarché près de chez nous, crier à sa femme "Vite chérie, prend le chariot !" en courant pour être les premiers à la caisse qui venait d’ouvrir…
On commande quatre donuts à emporter et avant de reprendre la route, on en profite pour traverser la rue et passer sur un pont qui surplombe une des fameuses autoroutes de Los Angeles, la 405. C’est toujours impressionnant de voir ces voies rapides aussi larges et avec autant de voies de circulation, surtout en pleine ville.
On prend la direction de San Bernadino, avec toujours cet épais brouillard autour de nous. Alors qu'on emprunte l'échangeur et s'insère sur une autre autoroute, il y a déjà des ralentissements et pour cause, un camion est couché sur le flanc en plein milieu des voies... Le soleil commence à pointer le bout de son nez alors qu'on s'éloigne de plus en plus de la côte, sur ces autoroutes toujours aussi gigantesques !
Pour celles et ceux qui ont lu les récits de nos précédents voyages aux États-Unis, vous savez qu'on est fans de NASCAR. Impossible donc de quitter la ville sans passer devant l'Autoclub Speedway, le circuit ovale de Fontana. On a de la chance, il y a la Andretti Racing Experience sur le circuit aujourd'hui : la même chose qu'on avait fait en 2014 à Chicago, c'est-à-dire proposer des stages de pilotage au volant d'une voiture de NASCAR. Ça veut dire qu'on peut avoir accès à l'intérieur du circuit au lieu de simplement passer devant… On ne va pas s'en priver !
On s'arrête donc à la cabane de l'entrée où un gardien un peu âgé nous demande si on vient pour l'Andretti Racing Experience. Non, on aimerait simplement voir le circuit... Pas de soucis tant qu'on reste dans l'infield, impossible d'aller dans les gradins mais on s'en doute et ce n'est pas ce qui nous intéresse.
On suit les panneaux pour rejoindre le parking et quel plaisir d'entendre ces V8 au bruit si roque. Ça nous rappelle des souvenirs ! On risque d’être tentés de refaire cette expérience… On reste de longues minutes à les regarder rouler tout en profitant de cette mélodie mécanique avec en bruit de fond de la musique country. Le soleil tape déjà, il fait plus de 33°C.
Avant de repartir, on teste un donut de chez Randy's. On comprend pourquoi l'endroit est renommé, il est délicieux ! On aurait dû en prendre plus… Un petit détour de plus avant de quitter la ville pour de bon nous fait passer par l'Apple Store de Victoria Gardens. Le centre commercial est superbement aménagé avec ces "avenues" et ces rangées de palmiers. Alors qu'on s'approche, on remarque une trentaine de personnes en file indienne sur le trottoir alors qu'il n'est pas tout à fait 9h. Le magasin n'est pas encore officiellement ouvert mais un employé passe déjà pour demander ce que chacun souhaite. On laisse tomber, pas la peine de perdre du temps, une longue route nous attend avec plusieurs visites de prévues.
Pour sortir de la ville, il faut emprunter le Cajon Pass, un col qui permet de quitter le bassin de Los Angeles pour rejoindre le désert de Mojave. Cette montée est magnifique avec cette autoroute dont les deux sens se séparent et cette ligne de chemin de fer où un train à quatre locomotives monte péniblement la côte... On est déjà sous le charme de ces premiers paysages qui deviennent de plus en plus désertiques. Nos oreilles se bouchent, preuve qu'on monte, et pas qu’un peu ! Partis du bord de l’océan, nous voilà déjà à plus de 1 000m d’altitude.
La première visite de la journée, après l'ovale de Fontana, est le California Route 66 Museum de Victorville, un musée qui rassemble de nombreuses pièces remontant à l'époque phare de la célèbre Route 66. Le musée est tenu de manière bénévole, gratuit donc mais les dons et les achats à la boutique de souvenirs aident l'établissement à perdurer.
On y trouve de tout : d'anciens panneaux routiers à de vieux modèles de téléphones, d'appareils photo en passant par une vieille Ford modèle T sur laquelle on peut se prendre en photo. On étudie les différentes pédales et mécanismes... C'est plus simple aujourd’hui, surtout avec une automatique ! Dans un autre coin, on trouve l’ambiance diner avec un jukebox qui ne fonctionne plus et des banquettes rouges typiques. On replonge vraiment dans les années 50 !
On achète un petit souvenir pour notre père avant de reprendre la route : on quitte l'interstate pour emprunter une ancienne portion de la route 66 qui nous mène à Elmer's Bottle Tree Ranch. Le lieu consiste en une étendue de faux arbres créés à l'aide de barres métalliques et de bouteilles vides. Au sommet de chaque arbre, on trouve des objets originaux, qui vont du feu tricolore à la Winchester. L'art, ça ne s'explique pas vraiment !
Deux Américains essayent en vain de prendre un selfie avec une perche devant le panneau d'entrée. La femme dit à son mari, en rigolant, de laisser tomber et de nous demander de faire la photo, on y arrivera sûrement mieux que lui. Ils nous rendent la pareille.
Derrière le ranch passe une ligne de chemin de fer et un train à rallonge, qui transporte deux étages de conteneurs, toujours tirés par plusieurs locomotives. On continue notre route jusqu’à Barstow, où on visite un deuxième Road 66 Museum. Une Mustang et une Ford T sont exposées dans l’entrée, ainsi que d’anciens documents et objets. On apprend ainsi que la Route 66 ne traverse que huit états : Illinois, Missouri, Kansas, Oklahoma, Texas, Nouveau-Mexique, Arizona et Californie.
À coté se trouve le musée du train avec des locomotives exposées près du parking, aux couleurs des compagnies Union Pacific ou Santa Fe. On peut librement y avoir accès, à l'extérieur tout du moins.
On se rend ensuite près des voies de chemin de fer, juste derrière le musée : une gare de triage où un train entre en gare, toujours avec trois locomotives à l'avant. En nous voyant, le conducteur nous fait un signe et fait siffler son train.
On passe devant l'ancien parc aquatique Lake Dolores Waterpark qui est maintenant abandonné, avant de prendre notre premier casse-croûte sur une très belle aire de repos. Elles sont plutôt rares le long des autoroutes mais sont toujours très bien équipées et entretenues. La vue n'est pas mal non plus. Et le vent souffle ! Il faut à plusieurs reprises avoir des réflexes bien aiguisés pour retenir ce qui risque de s’envoler. On récupère d’ailleurs une assiette en carton qui s’est envolée de la table de nos voisins de pique-nique japonais.
Plus on avance vers Las Vegas, plus ça grimpe : ça monte doucement mais ça monte, au point que nos oreilles se bouchent. La température grimpe aussi : on passe de 95°F à 102°F, soit près de 39°C… À 15h30, on a Las Vegas en vue après être passés près de la centrale solaire vue la veille depuis l’avion.
On se rend au Best Western Plus sur St Rose Parkway, au sud de la ville, pour le check-in, un hôtel plus haut de gamme que d‘habitude mais à prix abordable : merci aux promos de Booking ! L’hôtel est très joli et la chambre spacieuse. On va être bien ici pour les deux prochaines nuits.
On se dépêche pour prendre ce qu’il faut dans le sac à dos avant de reprendre la route vers le nord de la ville. Quelques jours avant de décoller, on a remarqué qu’il y avait une course de Truck Series, la troisième division de la NASCAR, à Las Vegas ce samedi soir. On s’était laissé l‘option ouverte. Niveau timing, on devrait pouvoir arriver à l’heure pour le départ. On tente donc le coup; mais il faut pour cela traverser toute la ville et la circulation est dense. On prend l’autoroute qui longe l’artère principale de la ville, ce qui nous donne ainsi un premier coup d’œil aux hôtels célèbres de Las Vegas.
Alors qu’on s’approche du circuit, plusieurs voitures de police permettent une circulation plus fluide sur l’avenue qui a maintenant trois voies dans notre sens et seulement une en face : des cônes de circulation permettent d’aménager l’avenue selon les besoins. Efficace et pas cher…
Ça a beau être la troisième division, il y a du monde ! On ne pensait pas qu’il y aurait autant de spectateurs pour cette course. Il faut trouver de la place sur un parking gigantesque. On se demande comment on va pouvoir retrouver la voiture en revenant de nuit…
En deux minutes, on a nos billets en poche. À 29$ la place, ce n’est pas ça qui va mettre notre budget dans le rouge, alors autant en profiter. Et puis ne pas aller voir de course NASCAR pendant un séjour aux États-Unis n’aurait pas sonner juste. Jamais deux sans trois… On ne va pas déroger à la règle maintenant.
Petite déception de louper les festivités d'avant course car on a juste le temps de trouver une place dans les gradins que le drapeau vert est agité ! La tribune principale est quasiment remplie. L’ambiance est donc au rendez-vous. C’est une course des playoffs, qui est importante pour titrer le champion de cette année, et ça se voit : il y a de la bagarre sur la piste ! Chaque relance est agitée avec des touchettes entre les voitures. Et même un ou deux crashs.
À un moment de la course, un homme descend de plusieurs rangées dans les tribunes vers un papa qui est accompagné de sa petite fille et de sa femme, pour lui donner des boule quies. Un beau geste !
La course commence de jour et se finit de nuit. On a le droit à un magnifique coucher de soleil sur les montagnes en face de nous qui deviennent de plus en plus rouge alors que le soleil descend. Tout à droite, on commence à voir les hôtels du Strip s’illuminer. Les camping-cars alignés de l'autre côté du circuit me font penser à Cars, quel réalisme ce film ! Un feu d’artifice vient clôturer en beauté cette course animée et d’une durée plus courte mais suffisante pour profiter d’une belle soirée NASCAR.
En ressortant, on sait que ce sera la galère avec des embouteillages pour quitter le parking. On décide de manger sur place, hot dog et burritos, avant de partir à la recherche de notre voiture. Alors qu’on dit que la NASCAR est un milieu plutôt raciste, on remarque que le public est vraiment très divers. Des afro-américains, des hispaniques, des jeunes, des personnes âgées, des familles, etc… On est loin des clichés habituels. En traversant le parking on voit de tout. Un afro-américain et un caucasien sont assis sur leur chaise à parler de leur pick-up respectif garés côte à côte. Plus loin, une dizaine de chaises sont installées en arc de cercle pour regarder un match de football US sur une télé, spécialement sortie d’un motorhome. Encore plus loin, c’est de la musique country qui divertit des fans installés sur leurs chaises devant un autre motorhome. D’autres encore se font un pique-nique entre deux pick-ups.
Ceux garés devant nous jouent à un jeu qu’on voit souvent à ces courses : lancer une sorte de petit sachet de sable dans un trou placé au milieu d’une planche en bois, installée de chaque côté pour chaque équipe. On patiente comme on peut avant de pouvoir reprendre la route pour rentrer à l'hôtel. Je n'ai qu'une envie, c'est d'aller me coucher, toujours affaiblie par ce gros rhume qui ne veut pas me quitter, comme s'il voulait lui-aussi profiter du voyage.
Le trajet retour nous permet d’emprunter à nouveau l’autoroute longeant le fameux Strip de Las Vegas, mais cette fois, de nuit. Les hôtels et les casinos brillent de mille feux et les décors ont l’air magnifiques. Pas de visite du centre-ville pour ce soir car il faudra être en forme demain, pour visiter notre premier parc du voyage !
1 commentaire
BITTERLIN Jean
07/08/2020 à 15:07Toujours Fan !!!