On se réveille à 7h aujourd’hui, c’est un progrès vers des heures plus "normales". On se rend au City Market de la ville pour faire quelques courses. On peine à trouver les chips jusqu’à ce qu’une illumination me frappe ! Je me dirige vers le rayon auquel je pense et c’est gagné : les chips sont près des bières, évidemment ! Je commence à comprendre leur logique. On achète de quoi prendre le petit-déjeuner puis on ressort pour faire le plein à la station du supermarché, on lave les vitres… On essaye de trouver une Bank of America mais il semble qu’il n’y en ait pas non plus par ici. Google Maps m’indique que la plus proche est à Salt Lake City ou Las Vegas… Les autres banques ou distributeurs prennent de sacrés frais pour retirer de l’argent, en plus de ceux de notre banque française. Tant pis, on se débrouillera sans liquide.

Il fait à peine plus de 10°C ce matin. La différence de ressenti entre l’ombre et le soleil est toujours aussi impressionnante. J’ai oublié de le dire mais ça fait plusieurs jours qu’on a les lèvres extrêmement sèches à cause du vent et de l’air très sec de cette région, au point d’avoir des gerçures. On essaye de les recouvrir de crème mais rien n'y fait. Ce n’est pas pratique quand on essaye de sourire sur les photos… Ça fait mal dis donc !

Les quelques muffins achetés ce matin feront office de petit-déjeuner avant de prendre la route pour rejoindre Arches National Park, dont l'entrée n’est qu’à une dizaine de minutes de la ville de Moab. On voit déjà la longue file d’attente à l’entrée du parc, il est 9h20. Il faut dire qu’on est dimanche… On a peut-être mal calculé notre coup. Cela dit, à notre retour de voyage, je lirai dans plusieurs articles que la fréquentation de ce parc ne cesse de croître, au point de devenir problématique. Les travaux d’aménagement dans le parc n’aident pas non plus.

Le parc comporte plusieurs sections et la route qui le traverse s’étend sur une trentaine de kilomètres. Juste après l’entrée, elle monte le long de la falaise, puis comme souvent ici, nous voilà de l’autre côté, sur un plateau. Quelques points de vue sont fermés à cause des engins de travaux. Ils travaillent de nuit, le parc est alors fermé de 19h à 7h.

On décide de commencer par la section The Windows. On réussit à trouver une place pour se garer, vers la fin du parking, avant de commencer la petite balade qui nous mène à Double Arch, connue pour avoir été utilisée comme décor dans un des films Indiana Jones. Le chemin est aménagé quasiment jusqu’à la fin. On peut grimper sur la roche pour se retrouver en-dessous des arches, ce qu’on ne manque pas de faire. C’est une bonne entrée en matière pour ce parc.

On traverse ensuite le parking pour rejoindre les arches North et South Windows. Alors qu’on s’approche du chemin qui va directement aux arches, un groupe de touristes arrive en contresens, des Français, pour rejoindre leur car. II y a vraiment du monde par ici ! On décide de faire la boucle dans l’autre sens. Quel calme tout d’un coup… Il n’y a pas foule de ce côté-ci de la randonnée. Un homme est assis là, à contempler le paysage, on dirait presque qu'il fait de la méditation. Plus loin, on croise un Ranger en discussion avec un couple âgé.

Alors qu’on s’approche de l’arche en ayant fait ce détour, un couple de français vient en contresens. "C'est beau aussi par ici. De toute façon, c'est dur de trouver quelque chose qui n'est pas beau dans cette région. Oh, mais il n’y a personne ici ! Dès qu’on s’éloigne un peu, il n’y a plus grand monde," s’exclame l’homme à sa femme. Oui, c’est exactement ça. Et dès qu’on se retrouve de l’autre côté des arches, la foule refait surface. Le paysage quant à lui est étonnant. North et South Window forment comme des yeux et Turret Arch cache un paysage très joli.

En revenant au parking, je dois passer aux toilettes. Mais avec le monde, je ne peux pas éviter l’attente… et les célèbres files d’attente américaines. Une personne derrière l’autre. L’attente est longue, surtout en plein soleil. L’homme devant moi engage la conversation en me demandant si c’est la première fois que je viens dans ce parc. De son côté, il aimerait faire la randonnée de Delicate Arch, mais il pense que ce ne sera pas faisable avec son petit garçon. Il l'a déjà faite et me conseille de faire attention car la montée est en plein soleil. L’Américaine derrière moi quant à elle me dit à quel point elle trouve que le parc est bondé aujourd’hui et elle est vraiment surprise de devoir faire la queue pour aller aux toilettes. Comme quoi, la fréquentation est effectivement en hausse…

C’était tellement long que Stéphane vient à ma rencontre sur le chemin vers la voiture. Il commençait à se demander ce que je faisais. "La queue," tout simplement. On essaye de réfléchir au reste de la journée. Effectivement, faire Delicate Arch à ce moment de la journée n’est pas une bonne idée. Il est presque midi et il semble qu’il faille trois heures aller-retour pour la randonnée et la commencer maintenant voudrait dire y être en plein cagnard, à l’heure du casse-croûte… On décide finalement de continuer jusqu’au fond du parc et la partie Devil’s Garden.

Le parc est bien plus étendu que ce qu’on pensait et la route qui le traverse est magnifique. La partie Devil’s Garden regorge de randonnées et d’arches différentes et il nous faut choisir. On ne pourra pas toutes les faire. D’après mes recherches, je pense que ce serait bien d’au moins voir Landscape Arch, la plus célèbre de cette section.
Le début de la randonnée est facile mais plus loin, le chemin se transforme en sable et l’avancée est plus compliquée, surtout qu’il s’agit d’une succession de petites montées et de descentes. En tout cas, l’endroit est lui aussi très fréquenté.

Des barrières en bois indiquent la fin du chemin, puisque, pour notre sécurité, il est interdit d'aller en-dessous de l’arche : celle-ci est fragile et risque de s’effondrer. Il faut dire qu’elle est très fine, mais splendide. On se demande comment elle peut encore tenir en équilibre. Sur son côté droit, on peut d’ailleurs voir une fissure qui laisse présager l’endroit où la roche risque de se détacher. L’endroit est superbe !

En revenant vers le parking, on fait le détour vers deux autres petites arches, en contrebas du chemin. Pine Tree Arch est bien caché, il y a peu de monde mais ce sapin isolé devant cette arche vaut le détour ! Tunnel Arch est plus difficile à distinguer. Elle est sur le côté du chemin : c’est quand je vois ce photographe que je comprends où il faut regarder pour l’admirer.

Il y a de moins en moins de place sur le parking, on décide de pique-niquer à la voiture avant de prendre la route vers Delicate Arch. On remarque de nombreuses places le long du trottoir, réservées aux gros véhicules, comme les motor-homes ou les RVs. Près de notre voiture, c’est un couple de Canadiens qui est garé sur une de ces places, avec une mini-caravane tirée par leur pick-up. Ils ont sorti les sièges de campings pour prendre leur repas de midi près de la cuisine intégrée.

Je me badigeonne de crème solaire. Le soleil tape fort et il n’y a aucun abri si ce n’est l’ombre du coffre, et encore ! En route pour Delicate Arch, on s’arrête à Salt Valley Overlook. Le paysage devant nous est tellement varié ! Des roches rondes et jaunes, des étendues vertes (comme celle de Needles Overlook), des falaises rouges, au loin les montagnes La Sal… et au milieu de tout ça, la route noire qui traverse discrètement ce décor, comme pour laisser le moins de trace possible. En s’approchant, on voit au loin Delicate Arch, toute petite, là-haut… Il va falloir grimper tout ça.

Il est 14h30 quand on commence la randonnée. Le site officiel indique au moins deux heures et demi pour faire l’aller-retour. On se dit qu’il faut presser un peu le pas. On commence assez facilement avec un petit chemin aménagé et déjà une ou deux montées, suivies évidemment d’une descente. Comme si ce n’était pas assez difficile de monter là-haut, ils nous font redescendre… avant d’entamer la partie plus dure : une montée à même la roche. Et ça grimpe fort ! Des petits cairns, ces piles de roches, montrent le chemin mais on peut monter comme bon nous semble. On s’arrête à plusieurs reprises pour admirer la vue, mais surtout pour boire et reprendre notre souffle, même si on semble monter à bonne allure. Peu de personnes nous dépassent, c’est étonnant. Peut-être qu’à force de faire plusieurs randonnées depuis le début du voyage, on commence à être en meilleure forme physique… On essaye de garder au moins une bouteille entière pour la descente. La randonnée de Sedona nous a fait retenir la leçon.

Puis le chemin se transforme encore. Cette fois, c’est une succession de pierres et de sable jusqu’à ce qu'on arrive au passage que je redoutais avant de venir. J’avais évidemment fait quelques recherches sur les différentes randonnées de ce voyage, en raison de mon vertige. Pour celle-ci, ce sont les derniers mètres qui risquaient de poser problème : un chemin, penché (du bon côté heureusement), le long de la falaise, avec un dévers de l’autre côté.

Au final, c’est moins impressionnant que ce que je pensais et en restant le long du "mur", je réussie à avancer sans problème. En arrivant en haut, l’arche se dévoile sur notre droite, comme par surprise. Elle est splendide ! La vue est magnifique. Finalement, il ne nous aura fallu qu’une quarantaine de minutes pour arriver en haut… Cette rapidité nous surprend. On aurait cru que le chemin était beaucoup plus long étant donné la durée annoncée.

Le vent souffle très fort, presque autant qu’en Écosse ! Ça fait du bien, car il rafraîchit mais les casquettes prennent vite refuge dans notre sac. Il faut monter un petit rebord pour passer "de l’autre côté" si l’on veut s’approcher de l’arche. Mais la pente en forme d’entonnoir est impressionnante et le vent n’aide pas à garder l’équilibre. La vue est très belle d’ici. On s’en accommode très bien.
On voit arriver une femme âgée, avec une canne, accompagnée d’un homme plus jeune, qu’on a dépassés dans la montée. On est stupéfaits. On leur laisse la place pour qu’elle puisse s’assoir sur la roche. Après quelques minutes, Stéphane demande à l’homme si c’est sa mère. Non, mais il l’accompagne. Elle a 81 ans… On est ébahis, envahis par un respect incroyable pour cette femme, qui a pris le temps nécessaire pour arriver au bout de cette randonnée. Il est vrai que la vue finale vaut largement l'effort.

En-dessous de l’arche, trois jeunes forment une arche humaine pour leur photo souvenir, avec l’un d’entre eux qui monte sur les épaules des deux autres. Tout le monde autour de nous rigole. "That’s clever!" lance l’homme avec qui l’on a discuté plus tôt. On félicite encore la dame âgée alors qu’elle entame la descente.

Quelques minutes plus tard, c’est à notre tour de commencer à redescendre. Alors qu’on arrive à la fin du passage pas si problématique que ça, Stéphane me laisse son sac à dos pour escalader la roche jusqu’à un trou au travers duquel on a une très belle vue sur l’arche. Je reste en bas, c’est Stéphane qui s’occupe de faire la photo, ce qui me permet de voir ce que j’ai loupé d’en haut.

La descente est bien plus facile, et plus rapide, que la montée. Ça va de soi ! Au loin, le parking est visible et on est surpris par cette palette de couleurs. Si l’on enlève la route, on se croirait réellement sur une autre planète.

Alors qu’on arrive au parking, deux femmes Rangers sont postées au début du trail, arme à la ceinture. On ne pensait pas que les Rangers étaient armés… Elles arrêtent ceux qui veulent commencer la randonnée en leur expliquant gentiment qu’il commence à être tard pour entamer une telle marche. À cause des travaux dans le parc, ils doivent quitter le parking pour 18h15 et il est déjà plus de 16h. Le temps de faire l’aller-retour, ce sera trop juste. Un homme arrive au parking après avoir fait la randonnée, portant son bébé accroché devant lui. "Oh my God, you went up there!" une des Rangers s’exclame en parlant au bébé.

Avant de repartir, on vide le sac à dos. On a bien bu : plus de trois litres à nous deux puisqu’on jette sept petites bouteilles d’eau… au recyclage ! Aluminium, plastique et reste de déchets. Même ici, ils font le tri.

Avant de sortir du parc, on fait un dernier arrêt à Balanced Rock, cette roche ronde qui tient en équilibre, telle un bilboquet. Arches National Park est moins spectaculaire que d’autres lieux de l’ouest mais il est très sympa pour les balades. Ce doit être encore mieux avec moins de visiteurs, en semaine peut-être ? En tout cas, on reste impressionnés par l’étendue du parc (plus de 290 km²). Certes, ils en sacrifient une petite partie pour la route et les parkings mais une grande étendue peut ainsi être préservée.

Il est 17h et il fait toujours près de 30°C. On a le temps avant que le soleil ne se couche et on décide de faire une partie de la Scenic Byway UT-128, qui longe le Colorado, au fond du canyon. Alors qu’on bifurque sur cette route, considérée comme l’une des plus belles routes des États-Unis, j’ai cru apercevoir un panneau clignotant indiquant des travaux à partir d’une certaine heure. Mais je ne suis pas sûre de ce que j’ai vu… Alors qu’on avance, on remarque qu’une des deux voies a été récemment goudronnée, tandis que l’autre ne l’est pas encore.
Quel cadre ! Le fleuve Colorado est là sur notre gauche, à quelques mètres à peine et nous sommes entourés de chaque côté par des falaises. On passe de l’ombre à la lumière, et chaque virage nous fait découvrir de nouvelles merveilles. Les couleurs en cette fin d’après-midi sont parfaites.

Puis les falaises laissent place à des étendues de chaque côté. Dans un coin de notre tête, le panneau signalant les travaux refait surface. On n’aimerait pas se retrouver coincer sur cette route, à devoir faire un énorme détour pour retourner à Moab… On décide de faire comme Margaret, il y a trois ans : demander à un inconnu ! Une piste part sur la droite de la route et un homme est en train de gonfler les pneus de sa Jeep, pour pouvoir à nouveau rouler correctement sur la route. Je me permets de lui demander s’il a des informations sur les travaux. Il m’explique qu’il n’y a pas de soucis, on est dimanche, il n'y a rien à craindre. Ouf, on est rassurés. En même temps, ils travaillent bien à Arches NP de nuit alors… on ne sait jamais !

Ces étendues ont un petit air de Monument Valley, puis on passe près de Fishers Tower qu’on ira voir en revenant. "Oh, un pick-up Dodge Ram derrière," Stéphane dit en le voyant dans le rétro intérieur. "Bah oui, tout de suite c’est agressif." C’est vrai que le pare-choc a un style bien particulier. Il a beau être agressif dans le style, ce n’est pas le cas de sa conduite. Il ne nous dépasse pas, mais les berlines derrière lui, le font sans problème. "Lui il sait que dépasser lui coûte un ou deux gallons !" plaisante-t-on.

Les roches passent du rouge au rose clair avant de disparaitre entièrement. C’est là qu’on fait demi-tour. Oh, des nuages ! C'est bien la première fois du voyage que l'on en voit autant.

Les couleurs dorées sont splendides alors qu'on s'approche à nouveau du coin de Fishers Towers. C'est une piste qui mène à leurs pieds. Ces formations rocheuses, dont l'une fait 270m de haut, sont magnifiques. On dirait presque des immeubles, leurs noms ne nous étonnent pas. On ne fait pas de randonnées, juste quelques photos de l'endroit. Sur le parking, ils semblent que certains vont passer la nuit ici.

Alors que le soleil se couche, le ciel se charge de nuages. On se dit que ça fait bizarre de devoir se préoccuper de la météo par ici. Jusqu'à maintenant, nous n'avons eu que du grand soleil. Cela va-t-il changer pour les prochains jours ?

Alors qu'on reprend la route, le haut des canyons est encore éclairé par la lumière diffuse après le coucher du soleil. Quel plaisir de simplement rouler dans un décor pareil. On met la radio pour faire la route restante jusqu'à Moab. Pas de musique mais une émission radio : apparemment, une étude dit que la technique pour acheter moins quand vous faites les courses est de porter des hauts talons : on dépense moins quand on doit être concentré à garder son équilibre. Mesdames (et messieurs….), maintenant vous savez quoi faire pour économiser : portez des chaussures à talons !

On s'arrête au Denny's pour le repas du soir : une bonne viande rouge accompagnée de frites et galettes de pomme de terre pour moi, et de légumes pour Stéphane. Ils offrent aussi en guise d'accompagnement des tranches de pain à l'huile d'olive. Une merveille ! Franck (Francisco), le serveur, est très sympa. On veut évidemment donner un pourboire mais comment faire quand on n'a plus de liquide ? Sachez que vous pouvez ajouter le tip sur le prix du repas payé par carte. À notre demande, l'employé à l'accueil ajoute donc 6$ à l'addition.

On passe à la réception de l'hôtel pour acheter de quoi faire la lessive à la buanderie et on en profite pour glisser un mot au réceptionniste concernant nos voisins de chambre bruyants de la veille. Il nous dit de l'appeler ce soir si c'est de nouveau la même chose afin qu'il les appelle en leur demandant d'être plus silencieux. Ce qu'on ne manquera pas de faire… sans grand succès.