Les différents visages de l'Utah
Ce doit être à cause du changement d’heure (on a avancé d'une heure en passant en Utah) : je suis réveillée tôt et il m’est impossible de me rendormir. J’aimerais sortir pour faire des photos de nuit de cet endroit mythique sous la lueur de la pleine lune mais j’avoue être un peu feignante ce matin. Et puis je sais que ça caille là dehors. Après plusieurs tergiversations, je me lève enfin. À quoi bon rester au lit si je ne peux plus dormir ? Et puis ce n’est pas tous les jours que j’aurai cette occasion.
Stéphane m’accompagne et on se rend d’abord sur la terrasse de l’hôtel alors qu'il est à peine 6h (ou 5h à l'heure de l'Arizona…). Un garde nous éclaire d’ailleurs de loin avec sa lampe torche pour voir ce que l’on fait. Monument Valley sous les étoiles et la lune, un moment fantastique dont nous sommes quasiment seuls à profiter. Quel calme ! Une autre personne arrive aussi et essaye de poser l’appareil sur la rambarde en guise de trépied. Quelques lumières sont allumées dans les chambres de l’hôtel. Eux, peuvent profiter de la vue en pyjama ! Quoique… ça doit cailler.
On retourne à la chambre quelques minutes, le temps de préparer les affaires, que tout soit prêt pour le départ, avant de ressortir pour le lever du soleil. Alors qu’on attend les premiers rayons de soleil, Stéphane fait une remarque intéressante : depuis Sedona et ses maisons rouges dissimulées dans le paysage, rien ne vient gâcher ces décors variés. Que ce soit au Grand Canyon ou ici l’hôtel The View, également en terre rouge, tout est fait pour préserver la nature autant que possible et faire en sorte qu’aucun édifice ou infrastructure ne soit flagrante. Tout est très bien intégré.
On se positionne un peu comme la veille, à l’écart. Il n’y a quasiment personne de ce côté-ci. Quelques voitures sont en train de descendre sur la piste, peut-être pour aller au point de vue d’Artist Point, qui semble parfait pour un lever de soleil. Pourtant, je pensais que l’accès à la piste ne se faisait qu’à partir de 8h en octobre ? En tout cas, je ne suis pas sûre de vouloir tester la piste en pleine obscurité… Le ciel commence à s’éclaircir, jusqu’au moment où les premiers rayons de soleil éclairent les falaises. Une splendeur ! Les couleurs ne sont pas trafiquées : on dirait bel et bien que le sable rouge est en feu.
De là où je suis, je peux facilement photographier les falaises sur la gauche ou les buttes, en face de moi. Puis quelques personnes arrivent et un photographe s’installe tranquillement devant cet arbre si photogénique, en plein dans mon champ. Ce n’est pas très poli mais restons positive : autant l’inclure dans l’image et j’avoue que c’est même une très bonne chose ! Merci à lui.
De plus en plus de personnes arrivent dans les environs mais c’est un moment incroyable. C’est bel et bien un spectacle de la nature à ne pas manquer. Le soleil est derrière la Merrick Butte et les rayons passent de chaque côté. Quelle vision ! Au loin, la lumière sur le sol jaunâtre nous fait penser, comme la veille, à la savane africaine. On pourrait presque imaginer une girafe se balader tranquillement dans le coin. Majestueux est clairement l’adjectif qui définit ce lieu, et grandiose celui qui décrit notre expérience à Monument Valley.
Il est temps d’aller prendre le petit-déjeuner. Je m’étais notée de partir tôt aujourd’hui puisque nous avons beaucoup de route et d’arrêts prévus en chemin mais le petit-déjeuner n’est servi qu’à partir de 7h, le lever de soleil était à 7h20 et il était impensable de le manquer. Résultat, il est 7h45 quand on arrive dans la salle du restaurant.
Rien à voir avec les petits-déjeuners des hôtels de chaine qu’on a pu tester jusqu’à maintenant. Une serveuse nous place à une table puis nous dit que quelqu’un viendra prendre notre commande. On attend pendant quelques minutes, pensant que ce serait comme lors d’une journée de notre voyage en Écosse : un petit-déjeuner à choisir sur un menu. On finit par demander à une serveuse qui nous explique que ce sont les boissons qu’il faut demander mais que le reste est un buffet. Le chocolat chaud est en supplément, dommage. Mais pourquoi donc est-il tellement mal-aimé dans ce pays ? En revenant à table avec notre assiette, une serveuse nous propose du bacon et ce qui ressemble à de la viande hachée. Un petit-déjeuner au top : french toasts (depuis le temps que je veux en goûter !), omelette, bacon, viande hachée, céréales, jus d’orange… C’est le meilleur auquel on ait eu le droit ! Ça aurait été dommage de s’en priver. Surtout qu’à travers la vitre, la vue est à couper le souffle; mais heureusement, elle ne coupe pas notre appétit !
Seulement tout ça nous fait prendre du retard et on ne quitte Monument Valley qu’à 9h, ce qui nous semble bien tard par rapport à d’habitude. Impossible de ne pas s’arrêter alors qu’on s’éloigne. La vue est toujours aussi splendide et le soleil est dans le bon sens pour éclairer le paysage. Puis on arrive au célèbre Forrest Gump Point. Un groupe d’une dizaine de personnes se met en plein milieu de la route, et tant pis pour les voitures ! Le groupe se désagrège quand un camion vient derrière eux. C’est sûr que les trucks américains sont plus impressionnants qu’une petite voiture. Je n’ai pas la patience d’attendre qu’ils aient fini et puis je n’ai pas besoin d’avoir "la" photo prise depuis le milieu de la route. On continue notre chemin vers Goosenecks State Park.
En chemin, on se rend compte qu'on a donné nos derniers dollars la veille, à l’entrée de Monument Valley. On se demande s’ils prennent la carte bancaire à l’entrée du State Park… puisque nous n’avons plus du tout de liquide. On a comme un doute. En arrivant à la cabane, on demande au garde, un homme plutôt âgé, s’il accepte les cartes bancaires. "On ne prend pas les cartes bancaires car nous n’avons pas le téléphone ici". En même temps, on est au milieu de nulle part, ça tombe sous le sens ! On se sent un peu bêtes et on lui explique qu’on a plus de liquide.
- "Where are you guys from?" nous demande-t-il.
- "We’re from France."
- "Any euro coins?"
- "Only a bill."
- "Well okay guys, go ahead, it’s fine," dit-il en ayant pitié de nous, nous laissant l’entrée libre.
Mais non, il n’est pas question qu’on entre sans payer. On lui donne alors le billet de 5€ qu’il nous reste. Au final, il est gagnant si on prend en compte le taux de change puisque l’entrée coûte 5$ normalement. Je ne sais pas s’il pourra en faire quelque chose mais au moins on s’est acquitté de notre dette.
- "Well, alright. Thank you guys," dit-il avec le sourire.
Au moins ici, on peut voir le bas, ou presque, pas comme à Horseshoe Bend. La pierre est plus grise. Ça manque un peu de couleurs certes, mais les formes sont spectaculaires. On se demande pourquoi la rivière San Juan décide tout à coup de faire tous ces détours au lieu de traverser le paysage tout droit. Il y en a qui aiment vraiment se compliquer la vie…
Une piste de terre part sur la gauche pour contourner une partie du fer à cheval. Plusieurs personnes campent dans le parc. L’un a un énorme motor-home, plus loin c’est un pick-up avec une petite caravane Airstream et enfin tout seul, à plusieurs centaines de mètres, c’est un camping-car qui est installé près du bord. On rejoint le camping-car, ce qui nous permet d’avoir également une vue sur la rivière derrière nous : on se retrouve dans un des fers à cheval, entouré de chaque côté par la rivière.
En revenant sur la grande route, on loupe l’entrée de Valley of the Gods. Il faut dire qu’elle est plutôt bien cachée après ce virage… On fait demi-tour avant d’entamer la deuxième piste en terre du voyage (la troisième, si on compte le détour de la veille à Kayenta…). Valley of the Gods est souvent considéré comme un Monument Valley en moins spectaculaire. La piste est en tout cas en meilleur état. Nous ne sommes pas seuls : un camion Iveco aménagé en camping-car avec une plaque suisse et une voiture ancienne à la plaque luxembourgeoise sont aussi sur la piste. La voiture ancienne a un écusson sur la portière : il semble qu’ils fassent un rallye Coast to Coast - Route 66. Quel courage d’emmener un véhicule de ce type sur une piste en terre…
Plus loin, un cycliste est arrêté sur le bord de la route, en train de se mettre de la crème solaire. On échange quelques mots. Il a du courage pour traverser le désert comme ça. Il nous explique qu’il fait surtout attention au soleil et à souvent faire des réserves d’eau mais pour l’instant il n’a pas eu de problème… On espère pour lui que ça continuera ainsi en lui souhaitant bonne chance pour le reste de son périple.
On se sent épiés avec ces roches ressemblant étrangement à des hommes et femmes changées en pierre. Valley of the Gods porte bien son nom. L’ambiance sur la piste est cordiale, avec des nord-américains qui se font signe en se croisant. Lors d’un arrêt vers le fond de la piste, un couple nous demande si nous étions près de Mesa hier, à descendre une route en zigzag, comme des fous. Non, ce n’était pas nous…. mais il faut dire que des Nissan Rogue noirs, il y en a plein dans les environs, c’est facile de confondre. Alors qu’on reprend la route, on aperçoit au loin un énorme pick-up qui tire une caravane. On préfère jouer la prudence et reculer un peu pour se garer sur le bas-côté. Un salut de la main de sa part, puis il descend sa vitre : "Je vous ai vu, je me serais garé de côté, mais merci !" Comment ne pas tomber sous le charme de leur cordialité ?
Quelques passages de la piste sont plus délicats : des lits de rivières asséchés assez profonds remplis parfois d’un peu de sable. Mais la piste est généralement en meilleur état que celle de Monument Valley et des berlines y circulent sans problème. On retrouve notre cycliste vu plus tôt. On hésite à le dépasser de peur de lui envoyer du sable dans la figure… Mais on n'a pas vraiment le choix, on ne peut pas rester derrière lui à cette allure.
En arrivant au bout de la piste, apparait une maison, au milieu de nulle part. Cela fait presque une centaine de kilomètres que l’on n'a pas vu une seule habitation. Isolée, c’est en fait un Bed & Breakfast, avec des panneaux solaires dans leur jardin. Il y a cette maison, là, et puis plus rien.
Peu après avoir rejoint la route principale se trouve le début de la montée de Moki Dugway. Cette route a une pente de 10% et elle n'est pas goudronnée. Les épingles sont limitées à 5 mph, soit 8 km/h. C’est peut-être un petit peu exagéré… D’en bas, on ne distingue même pas la route le long de ces falaises. Elle se confond parfaitement dans le paysage (encore une fois).
On prend vite de la hauteur et cette route devient sans aucun doute l’une de nos préférées. Oui, le dévers n’est pas rassurant mais cette vue est incroyable ! On remarque très bien la route principale et la piste que l’on a empruntée plus tôt, ainsi que les formations rocheuses de Valley of the Gods et ce B&B perdu au milieu de cette étendue gigantesque. C’est une de plus belles vues de ce voyage !
Le prochain arrêt prévu lors de cette journée est Muley Point. J’ai complètement oublié que c’est une piste en terre qui rejoint ce point de vue, et non une route goudronnée. Alors qu’on entame la piste, un premier obstacle apparait rapidement. Une succession de petites bosses où les espace entre elles sont remplis de sable et où l’on voit clairement les ornières laissées par les véhicules précédents. Une berline est arrêtée sur le bas-côté, deux jeunes femmes à ses côtés. On s’arrête pour voir si elles ont un problème. Elles nous expliquent qu’elles ne sont pas rassurées par cet endroit et ne veulent pas se risquer à aller plus loin avec leur voiture. Je vais vérifier le passage à pieds. Comme on les comprend ! Mais avec notre petit SUV, ça devrait aller… tant qu’on ne s’arrête pas en plein dedans.
On leur propose de les emmener, puisqu’il faudra de toute façon repasser par ici pour reprendre la route principale. On fait de la place à l’arrière et nous voilà tous les quatre en route pour le premier point de vue, une dizaine de minutes plus loin. Elles sont néerlandaises et font le voyage en sens inverse : elles viennent de Moab et se dirige vers Page, avec un arrêt rapide à Monument Valley. On échange sur nos étapes respectives et la durée de notre séjour. Elles étaient à Arches National Park récemment et nous préviennent qu'il y avait du monde. Elles ont commencé leur voyage à San Francisco et sont passées par Yosemite. Nous ne l'avons pas au programme, on se le garde sous le coude pour une autre fois !
Deux motards canadiens sont en train d’admirer la vue. Et il y a de quoi ! On échange quelques mots avant de profiter nous aussi de cet endroit. On ne sait même plus où regarder, c’est beau de tous les côtés ! L’un des motards se demande d’ailleurs jusqu’à quelle distance on peut voir. L’horizon est un peu brumeux mais on peut voir jusqu’à Monument Valley. Avec les Néerlandaises, on se prend mutuellement en photo, dans ce décor somptueux.
Après quelques minutes de route, on arrive à un second point de vue, encore plus spectaculaire. Notre cerveau a même du mal à juger les dimensions et les distances, entre ces rochers au premier plan, ce plateau en contrebas puis le fleuve qui sillonne la plaine. Les formes et les différentes couches de ce paysage sont saisissantes.
Alors qu’on fait la piste dans le sens inverse, on espère pour nos jeunes Néerlandaises que leur voiture est toujours là. Ouf, on la distingue au loin, toujours garée sur le bas-côté. Il est temps de leur dire au revoir alors qu’on continue notre voyage vers le nord et elles, vers le sud.
Fini les paysages désertiques remplis de sable, voilà de la verdure à perte de vue et des montagnes au loin. On se rapproche de Natural Bridges National Monument. Petite note intéressante : la différence entre un National Park et un National Monument vient tout d'abord de la raison pour laquelle l'endroit est préservé. Les Parcs sont préservés pour leur paysage et leur valeur récréative en autres. Les Monuments ont surtout un intérêt historique ou scientifique. La taille et la gestion de ces lieux font également parties des différences.
Le Natural Bridges National Monument a été créé en 1908, ça date ! La route qui en fait le tour est à sens unique. Avant de l’emprunter, on s’arrête au Visitor Center à l’extérieur duquel un Ranger est en train d‘expliquer quels mammifères et reptiles se trouvaient dans cette région, avant même les dinosaures. Il montre d’ailleurs le crâne fossilisé de l’un d’eux.
Il n’y a pas de cabane à l’entrée du parc mais on est censés payer l’entrée ou présenter le pass America The Beautiful, ce qu’on fait à l’intérieur du Visitor Center, tout en demandant quelques informations. Jusqu’à maintenant, on se demandait pourquoi il fallait présenter son passeport avec le pass et comment ils pouvaient vérifier que c’était bien nous qui l’avions acheté. En attendant notre passeport, la Ranger nous dit "J’adore deviner quelle signature je vais voir sur le pass". Voilà qui répond à notre question : c’est la signature qui fait office de "preuve d’achat". Pensez donc à donner le passeport de la personne qui a signé l’arrière du pass !
Encore une fois dans ce lieu, tout est fait pour modifier au minimum le paysage. Les allées bétonnées vers les points de vue sont ici de couleur gris clair pour respecter celle de la roche. Les chemins de randonnées sont également balisés par des roches et des branches mortes. Les points de vue sont aussi accessibles aux personnes à mobilité réduite et on en a la démonstration sous nos yeux.
Les couleurs d’automne des arbres ajoutent un petit plus à ce paysage bicolore (gris pour la roche, vert pour les arbres). On fait une pause à un coin pique-nique pour notre casse-croûte de midi avant de faire une promenade au dernier "bridge" du parc, le Owachomo Bridge. Le chemin est très joli et on descend pour s’enfoncer dans le paysage, jusqu’à se retrouver sous cet énorme "pont", qui est pourtant le plus petit des trois présents dans le parc : il ne fait "que" 55 mètres de long, à une trentaine de mètres au-dessus du sol…
On remonte la cinquantaine de mètres de dénivelé pour revenir au parking. Ça fait du bien de se dégourdir les jambes. Mine de rien, on a passé plus de deux heures dans cet endroit, qui mériterait qu’on prenne plus le temps de découvrir ses différentes randonnées. Mais il est déjà presque 17h et on a encore une longue route pour rejoindre Moab (plus de deux heures), et surtout un dernier arrêt que je n’aimerais pas louper : et pour cela, il faut faire un sacré détour.
Alors qu’on quitte le parc, on voit des vaches sur le bord de la route. Ah ! "Open range", maintenant on comprend mieux le sens de cet avertissement vu plus tôt sur un panneau. Sur notre gauche, on voit comme un nuage, mais en le suivant du regard, on se rend compte que c’est en fait la fumée provenant d’un feu de forêt, sur la montagne. C’est dur de se dire que des endroits si beaux peuvent partir en fumée en quelques instants.
Une falaise se dresse devant nous. Seulement notre GPS nous indique qu’on continue tout droit. Mais par où ? Puis au détour d’un virage, on voit la route longer la falaise avant de s’enfoncer en plein dedans, dans un passage probablement créé à la dynamite… Ici les paysages sont rois et la route se fait aussi discrète que possible pour nous permettre d’apprécier ces lieux.
On traverse un petit village, on longe un lac. Quelle différence avec les espaces désertiques, si bien en termes de paysage que de population, qu’on a pu traverser jusqu’à maintenant ! On a l’impression de retrouver un peu de civilisation et des paysages plus accueillants et moins rudes. On croise à nouveaux des camions, on voit des stations-services… On ne dirait pas comme ça, mais la dernière vision de ces choses-là nous paraît bien lointaine, comme si l’on s’était écartés de la civilisation pendant plusieurs jours. Le soleil commence à descendre et les couleurs deviennent de plus en plus belles.
Il est temps de bifurquer, de quitter la route principale qui mène à Moab pour emprunter une petite route, presque "à travers champ". Il se fait tard, le soleil ne va tarder à se coucher. Si l’on veut profiter un peu de ce dernier point de vue de la journée, il faut se dépêcher. On l’avoue, la limitation de vitesse n’a pas vraiment été respectée sur cette route de trente-cinq kilomètres… sans prendre de risque toutefois, on vous rassure.
Le coucher de soleil est prévu à 18h50 aujourd’hui. Il est 18h35 quand on arrive à Needles Overlook. Le soleil est en face, on a du mal à distinguer ce qu’on a devant nous mais quelle beauté ! On a ici une vue à 360° et elle est fantastique. On reste sans voix. Les falaises sont d’un rouge éclatant alors que le soleil se prépare à passer sous l’horizon. Le plateau et ses formes incroyables en contrebas sont si spéciaux; une sorte de tache verte se retrouve en plein milieu, mais qu’est-ce donc ? On a du mal à saisir tous les détails de cet endroit.
On fait doucement, certains chemins sont aménagés mais arrivés en haut de la butte, il n’y a parfois aucune protection le long de la falaise. En face de nous, c’est Canyonlands et la partie Island In The Sky, le parc qui est prévu au programme dans quelques jours. Cette vue est tout simplement exceptionnelle ! Quel dommage d’avoir si peu de temps pour en profiter. On regrette un peu d’avoir vraiment pris notre temps à Valley of the Gods. Peut-être aurais-je dû presser Stéphane un peu plus ce matin, sachant mieux que lui ce qui restait à voir ce soir-là. On est arrivés tard mais le détour (70 km au total, aller-retour depuis la grande route…) valait vraiment la peine ! Le matin, avec le soleil dans le dos qui illumine cette étendue, ce doit être splendide…
On attend un peu une fois que le soleil a disparu, les formes commencent à mieux apparaitre à nos yeux qui ne sont plus éblouis. Mais les couleurs rougeoyantes ne viennent pas autant que les autres soirs. On retourne à la voiture, en espérant pouvoir rejoindre la grande route avant qu’il ne fasse nuit noire.
Jusqu’à maintenant, on a eu de la chance : il est peu recommandé de conduire la nuit dans ces endroits et pour l’instant on n’a pas eu de problème avec des animaux sauvages. Bien sûr, on en parle à voix haute et il n’en fallait pas plus pour qu’on doive freiner à la vue d’un groupe d’une quinzaine de biches et de chevreuils !
Dommage on ne voit pas le paysage qui nous entoure jusqu’à notre arrivée à Moab. Mais franchement : rouler de nuit, derrière un camion à la remorque illuminée de dizaines de lumières, sur une highway à 110 km/h, en écoutant de la musique country… Que demander de plus ? Il ne manque plus que la chanson "Life Is A Highway" pour se croire dans le film Cars !
On arrive à Moab peu après 20h. À l’entrée de la ville, un panneau indique que les camions doivent utiliser la voie du milieu, autrement dit la voie de gauche. Pour nous français, qui devons nous rabattre sur la voie de droite à chaque fois, ça surprend. Mais on comprend vite l’intelligence de la chose. Les autres voies sont souvent utilisées pour s’insérer ou au contraire tourner vers un parking. Utiliser la voie du milieu permet un transit plus facile à travers la ville.
Notre hôtel ce soir est le Moab Rustic Inn, où l’on a prévu de passer trois nuits, c’est la durée la plus longue du voyage qu’on passera dans un même hôtel ! La chambre est superbe et grande. Sur le parking, quelqu’un est en train de fumer alors qu’on sort les affaires du coffre. Il nous demande si c’est notre voiture ou une voiture de location. Il se trouve qu’il est Suisse, de Genève plus exactement. "Ah ben on peut parler français alors !" Il a exactement la même voiture de location et a un souci avec le menu sur le tableau de bord. On essaye de trouver une solution en sortant le manuel mais sans trouver la solution. Ce n’est pas bien grave, tant que la voiture roule, c’est l’essentiel.
Ce soir, on ne s’embête pas pour le repas : ce sera McDo. Une dame un peu âgée est au comptoir. Elle est très gentille et nous glisse un "je ne parle pas français", en français. L’attente est un peu longue, surtout après la grosse journée qu’on a eue. On mange notre repas vite fait avant de retourner à l’hôtel pour une bonne nuit de sommeil.
Malheureusement, il est difficile de le trouver ce sommeil : nos voisins de chambre asiatiques ne sont pas des plus calmes. La porte entre nos deux chambres est un très mauvais isolant : on les entend comme s'ils étaient à côté de nous et ils parlent et rigolent sans se préoccuper de savoir si on les entend ou pas. Je reste calme pendant un long moment mais trop, c'est trop. Je sors pour toquer à leur porte, plusieurs fois mais aucune réponse puis je n'entends plus rien du tout. Évidemment quand je retourne me coucher, leur discussion et rires reprennent de plus belle !
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