Une longue journée de route nous attend aujourd'hui pour retourner au point de départ de notre voyage : Los Angeles. Le réveil est programmé à 6h et une demi-heure plus tard, on est en train de prendre le petit déjeuner. On est les premiers, il n'y a pas foule pour l'instant… En même temps, qui se lève à une heure pareille à Vegas ? Certains vont à peine se coucher !
Lors du check-out, je préviens le réceptionniste qu'on a eu plus d'une dizaine de petites fourmis dans la salle de bain. Ils feraient bien de vérifier d'où ça peut venir. Aucun mot d'excuse. Décidément, ils n'ont pas l'air de se soucier beaucoup de leur clientèle ici.

Pour faire les centaines de kilomètres qui nous séparent de LA, on se prépare en rajoutant un peu d'essence… On va en avoir besoin. Du moins, on essaye. La première station à laquelle on s'arrête, une ARCO, ne prend pas les cartes de crédits. Enfin, pas les "debit cards, juste les "credit cards". Sauf que les nôtres sont bien des "debit cards" même si en France on les appelle des "cartes de crédit". Bref, on se trouve une autre station : on a l'embarras du choix puisqu'il y en a une à chaque coin du carrefour. Le plein se fera donc chez 7-Eleven pour 20$.

Stéphane est au volant pour sortir de la ville et le GPS nous indique qu'on a plus de 230 km à faire tout droit. On appelle nos parents via Skype, en vidéo, pour leur montrer cette magnifique ligne droite et un peu plus loin, la centrale solaire d'Ivanpah qu'on avait vue depuis l'avion. C'est étrange de se dire que c'est la première fois qu'on reprend la même route, mais en sens inverse, et ce sur de nombreux kilomètres. Ça sent la fin du voyage…

Une sortie nous indique "Zzyzx Rd". Ça, c'est un nom fantastique ! Je me demande bien comment ça se prononce. Ils ont dû manquer de voyelles… En réalité, le fondateur de la ville a choisi ce nom exprès, pour que la ville apparaisse en dernière dans les listes ou dans l'atlas. J'aurais peut-être rajouté un Z, juste pour être sûre… Dommage, après coup, je vois qu'il y avait un lac salé juste à côté. On aurait pu y faire un saut.

On s'arrête à une belle aire d'autoroute, où je prends le volant : c'est seulement la deuxième fois du voyage que je suis dans le siège conducteur. Et voici que lors de notre avant-dernier jour, je trouve enfin le bouton qui permet d'avancer le siège correctement ! De toute façon, Stéphane s'ennuie à côté alors notre répartition des tâches pendant ce voyage était parfaite : lui, conducteur et moi, passagère.

À Yemo, Californie, on doit passer une sorte de péage : une station d'inspection du Département de l'Agriculture de Californie. On oublie souvent que les États-Unis sont bien des états à part entière et que les régulations changent d'un état à l'autre. On doit s'arrêter en attendant que l'agent nous fasse signe de continuer notre route. Nous qui habitons en Alsace, on se croirait revenir aux années où l'on devait s'arrêter à la frontière avec l'Allemagne. On réalise à quel point c'est plaisant de pouvoir traverser la frontière sans contrôle.

Nous revoilà à Barstow et les souvenirs du deuxième jour du voyage nous reviennent. Ça parait loin déjà… On s'arrête à un bureau de poste pour poster (enfin !) notre unique carte postale avant de quitter pour de bon l'interstate pour la SR-247 (State Route), une petite route qui est formée d'une suite de longues lignes droites. L'environnement ici nous parait bien plus rude qu'en Arizona ou en Utah. Il y a une lumière particulière également… Je ne saurais pas trop l'expliquer.

Les premières montagnes qui entourent Los Angeles, sont en vue et il est temps de commencer à les gravir. La montée vers Big Bear Lake est une route digne de nos cols français : elle serpente sans s'arrêter. Une zone de travaux nous oblige à nous arrêter quelques minutes. On en profite pour admirer la vue sur le désert, que l'on va quitter définitivement. Snif...

Le GPS nous indique qu'on est sur le point de longer Baldwin Lake. Mais rien à l'horizon. On ne sait pas de quand date la dernière mise à jour, mais le lac est complètement asséché. Il y a parfois encore un ponton qui subsiste tant bien que mal mais la nature a repris ses droits : le fond du lac est recouvert d'herbes. En réalité, le lac n'est recouvert d'eau que lorsqu'il y a la fonte de neige (s'il y en a eu beaucoup) ou lors de grosses pluies d'été.

Une partie de Big Bear Lake est également asséchée. On s'arrête sur un parking au nord-est du lac. C'est l'endroit parfait pour pique-niquer ! Les couleurs sont magnifiques et le contraste avec le paysage si rude qu'on vient de traverser est saisissant. Nous voilà près d'un lac, à admirer une montagne recouverte d'une forêt, avec sur l'un des versants, une remontée mécanique pour l'hiver. Un petit coin paisible pour la pause de midi.

La route qui longe le lac est magnifique, cachée au milieu des arbres, et bordées par de très belles maisons. Quel changement de décor par rapport à ces derniers jours ! On contourne le lac jusqu'au Bear Valley Dam, avec l'intention de prendre la route 18 pour profiter des nombreux points de vue que j'avais repérés. Pas de bol : on se retrouve face à une barrière, la 18 étant fermée jusqu'au 31 octobre, de 6h à 16h pour travaux. Nos recherches sur les chantiers routiers n'étaient pas assez approfondies semble-t-il… Les années précédentes, c'était les bâtiments qui étaient en travaux, cette fois ce sont les routes.

Nous voilà obligés de faire le tour complet du lac et descendre par la 38. C'est une très belle route de forêt, surtout en cette période, grâce aux couleurs d'automne, mais ça nous rajoute un détour de plus de 70 kilomètres… Dans la descente, certains sont pressés ! On donne l'impression de l'être aussi parce que trois voitures se mettent de côté pour nous laisser passer. C'est gentil mais on n'en demandait pas tant.

Alors qu'on descend de plusieurs centaines de mètres d'altitude, la température, elle, ne fait que grimper. On passe rapidement de 21°C à 36°C en arrivant à San Bernardino ! On s'arrête à la station pour remettre de l'essence et la claque est impressionnante quand on ouvre la portière : la chaleur est absolument étouffante. La voiture affiche 104°F : soit 40°C. C'était il y a encore trois jours qu'on s'est réveillés avec un -5°C… La clim' est notre meilleure amie aujourd'hui.

Les montagnes environnantes de Los Angeles nous avaient déjà tapées dans l’œil lors de notre arrivée. On aimerait bien y passer un peu plus de temps. Stéphane aime rouler, notamment sur des routes de montagnes, alors on se dit qu'on pourrait aller faire un tour du côté d'Angeles National Forest en remontant la route 18. Ce n'est pas comme si on venait de faire plus de 400 kilomètres depuis ce matin…

C'est une impressionnante deux fois deux voies qui montent sur le bord de cette montagne. La vue est saisissante alors qu'on prend de la hauteur, même si la cuvette dans laquelle se trouve Los Angeles semble, comme à notre arrivée, recouverte d'une brume. Ou serait-ce de la pollution ? On ne peut pas s'empêcher de rire en voyant un panneau "icy road" sur le bord de la route. "Pas aujourd'hui, nan…" Si la route est verglacée à 40°C c'est qu'il y a un problème. On reconnait qu'il y a un dérèglement climatique mais pas à ce point quand même !

Le GPS nous fait passer par une route minuscule (pour la norme américaine), qui ressemble aux petites routes de chez nous. C'est une des plus sinueuses qu'on ait empruntées, avec des virages très serrés. Devant nous, une camionnette FedEx passe également par ici : serait-ce un raccourci ?

Puis par pur hasard, on se retrouve sur les bords de Silverwood Lake. On se dégourdit un peu les jambes en admirant la vue. Il y a un bateau qui navigue, tout seul, sur le lac. Quel calme par ici ! On pourrait y rester des heures.

Après une vingtaine de kilomètres, on retrouve Cajon Junction, où l'on était passé le deuxième jour, pour sortir de Los Angeles, lors de notre route vers Las Vegas. On avait prévu de dormir ici ce soir, au Best Western. Mais après réflexion, on a décidé de changer nos plans. Loger aussi loin de l'aéroport nous inquiétait de plus en plus, surtout en connaissant la réputation de la ville pour ses bouchons. On a donc changé nos plans en cours de voyage et modifié nos réservations il y a une semaine. Vive l'annulation gratuite ! Finalement, ce soir, on dormira près de Venice Beach, ce qui nous permettra de visiter un peu le quartier demain matin, avant de nous diriger à l'aéroport. C'est une demi-journée de gagnée pour visiter un pourcentage infime de cette ville.

Oh, un bus scolaire ! On arrive derrière lui et la loi nous revient vite à l'esprit : s'arrêter. Le panneau STOP est sorti, les feux clignotent. Interdiction de le dépasser (ni même de le croiser) tant que les enfants descendent. On attend tranquillement qu'il range son panneau pour reprendre la route. On l'avoue : on adore cette loi !

Quelle route ! On est maintenant sur la SR-2 qui traverse l'Angeles National Forest et très vite on se rend compte que notre perception de l'endroit était fausse. On ne pensait pas que ces montagnes étaient aussi larges : c'est comme quatre chaînes de montagnes les unes collées à côté des autres. On pense voir quelque chose en arrivant au sommet, mais non, derrière, ce sont encore des montagnes ! On s'arrête de temps en temps à un point de vue. Que c'est troublant de voir d'un côté le désert, et de l'autre autant d'arbres…

Des panneaux "Prepare to stop" et une voiture de la Highway Patrol sont visibles un peu plus loin. Sur le parking juste après, toute une équipe est en train de préparer un énorme drone. Surveillance ou tournage ? On ne saurait pas dire. Mais alors qu'on continue notre route, une autre voiture monte la garde dans le sens inverse. On les entend parfois allumer leurs sirènes pendant quelques secondes.

On s'arrête sur un parking en bord de route, entouré de ce qu'il reste d'arbres. On voit assez clairement qu'une partie de cette montagne a dû subir les incendies par le passé. Stéphane profite de cet arrêt pour essayer de gratter la fameuse peinture blanche qui s'était collée au garde-boue. Les plus grosses gouttes partent mais il en reste toujours un paquet… On verra bien ce que dira Alamo s'ils le remarquent.

Enfin, on a une vue sur la ville ! On a réussi à traverser ces différentes montagnes et nous voilà maintenant sur le versant qui donne sur Los Angeles. Le parking à Georges Gap permet de voir aussi bien vers Los Angeles, que sur Strawberry Peak. La circulation est dense sur cette route ! Bien plus que ce qu'on peut espérer en montagne, surtout que la majorité de ces voitures sont en train de monter le col… On les voit redescendre la route se trouvant sur le versant opposé, et à une certaine allure : sûrement ceux qui coupent par la montagne pour éviter de passer des heures dans les bouchons pour quitter LA par le nord. Ils sont pressés de rentrer chez eux en cette fin de journée.

Le soleil descend vite et avant de nous diriger à l'hôtel, on décide d'aller à l'Observatoire Griffith pour voir une des plus célèbres vues de LA. On n'est plus à quelques kilomètres près… En chemin, on retrouve les autoroutes gigantesques de cette ville et sa circulation monstre. Puis on passe par des quartiers résidentiels pour emprunter la route qui monte vers l'observatoire. On n'est pas sûrs de pouvoir se garer en haut mais on continue en voiture, quand d'autres s'arrêtent sur un parking au bas de la colline. Une bus semble monter des visiteurs. D'autres entament la montée à pieds. On tente en voiture. Un panneau lumineux indique que le parking qui se trouve au sommet, à côté l'observatoire, est complet mais il y a de nombreuses places sur le bord de la route, dans la montée. On en trouve une assez rapidement et on décide de ne pas tenter de monter plus haut. On fera le reste à pieds, de nuit. Sur le parcmètre, il faut noter le numéro de sa place, peint au sol, avant de s'acquittera des 4$ pour une heure de stationnement.

Arrivés en haut, on découvre de nombreux cars de touristes et un lieu noir de monde. Voilà Los Angeles devant nous, à perte de vue. Les gratte-ciels du downtown s'élèvent au milieu de ce fouillis lumineux. La vue est belle mais me semble moins spectaculaire qu'à Chicago, peut-être à cause du manque d'organisation de la ville, qui ne semble pas aussi "carrée".

Sur notre droite, deux faisceaux lumineux bleus fendent le ciel, probablement le Hollywood Bowl, un théâtre en plein air qui accueille spectacles et concerts. Et le fameux panneau Hollywood est lui-aussi visible tandis que le ballet des avions dans le ciel bat son plein.

Dire qu'il nous faut encore traverser la ville pour nous rendre à Venice. On passe, sans faire exprès, près du downtown. Voir ces gratte-ciels juste à côté de l'autoroute est une vraie surprise. On n'a pas vraiment le temps de les admirer : il faut faire attention à tout, autour de nous. Je deviens le co-pilote de Stéphane en lui donnant les indications du GPS, pour savoir dans laquelle de ces sept ou huit voies il faut se placer. Lui vérifie que personne ne va nous rentrer dedans… Ils roulent comme des dingues par ici ! On est dépassés par la droite, par la gauche, et tant pis pour la limitation de vitesse : elle semble facultative. On est aussi bien contents d'avoir ces objets réfléchissants au sol pour savoir dans quelle voie on est.

On arrive au Ramada Inn Marina del Rey vers 21h. Le parking se trouve dans la cour intérieure et on est soulagés de prendre la dernière place libre après une longue journée de route : on frôle les 700 kilomètres…
Le réceptionniste doit appuyer sur un bouton au comptoir pour déverrouiller la porte de l'accueil : nous ne sommes plus à la campagne mais bien en centre-ville, avec son lot de mesures sécuritaires. Pourtant on est dans un quartier plus que correct. Ah, les grands espaces nous manquent déjà. La chambre est plus petite que d'habitude mais très propre et la salle de bain est superbe ! Une bonne adresse pour se reposer ce soir.

On ressort pour tester la célèbre chaine In-N-Out Burger, qui n'existe que dans l'ouest des États-Unis. Il n'y a pas trente-six recettes ici, il n'y en a que trois : Hamburger, Cheeseburger et Double-Double. C'est simple et efficace. La température est tellement douce qu'on mange en terrasse ! Le melting-pot qui peut exister dans un endroit comme ça nous surprend toujours autant.

Après cette (très) longue journée passée sur la route, il est temps de trouver le sommeil : l'objectif est de se lever tôt demain, afin de profiter encore à fond de notre dernière matinée sur le sol américain, avec un lever de soleil sur Venice Beach.