Une journée pleine de surprises
Comme souvent durant ces vacances, le réveil sonne à 6h30 pour nous tirer du lit. On se régale au petit déjeuner, avec des gaufres notamment et un chocolat chaud ! Il semble y en avoir tout le temps ces derniers jours, comparé au début du voyage, où il était aux abonnés absents. Ça fait du bien pour se réchauffer parce que dehors, les températures sont toujours très fraiches...
Aujourd'hui, on reprend la route vers Las Vegas et avant d'enchainer les kilomètres, on fait le plein d'essence et on décide (enfin !) de vérifier la pression des pneus. Je demande à la caissière de la station-essence s’ils ont un appareil pour vérifier la pression. Elle me donne alors une petite tige en métal et me demande de la ramener quand j'aurai fini. Vu sa faible amabilité, je ne m’attarde pas et rejoins Stéphane en lui tendant l'objet étrange. Aucune idée de la manière dont cela fonctionne. Je pensais qu'elle allait nous diriger vers une sorte de borne avec un tuyau, tout bêtement. On décide de demander à l'homme qui est en train de remplir le réservoir de son vieux pick-up à la pompe d'à côté. Très gentiment, il nous explique qu'il faut mettre cet engin directement sur la valve et regarder l'aiguille sur l'écran du manomètre. On ne l'avait même pas remarqué tellement il est petit ! Finalement, sans rien lui demander, notre bon samaritain vérifie lui-même la pression de nos pneus. Tout est bon !
Tant qu'on y est, il serait aussi temps de la nettoyer cette voiture… elle ne ressemble plus à rien sous tout ce sable. Il n'y a plus de piste en terre prévue lors des derniers jours du voyage, on devrait pouvoir la garder à peu près propre jusqu'à l'arrivée. Alors que Stéphane passe le jet, on remarque de la peinture blanche collée au garde-boue et au pneu, à l'avant droit. Oups… On se souvient alors qu'ils étaient en train d'étaler de la peinture fraiche au croisement avant Hatch, où l'on a dormi il y a deux nuits. On espère qu'ils ne verront rien chez Alamo… parce que même avec le jet haute pression, ça ne part pas.
On prend la route un peu avant 8h30. Et alors qu'on sort de la ville, on voit comme de la brume au loin. Ou serait-ce du sable soulevé par ce vent violent ? Ah non alors, on vient juste de laver la voiture !
On perd une heure lorsqu'on passe à Mesquite dans le Nevada, à cause du décalage horaire, tandis que les montagnes environnantes perdent doucement leurs couleurs pour retrouver une teinte plus grise et monotone au fil des kilomètres engloutis. Un bruit impressionnant se fait entendre alors qu'un pickup nous dépasse… auquel est accrochée une longue caravane. C'est sûr qu'il en faut de la puissance pour tirer tout ça ! Surtout que la caravane bouge dangereusement avec ce vent, mais ça ne semble pas le faire ralentir pour autant.
Alors qu'on sort de l'interstate 15 pour prendre la route NV-169, on remarque quatre ou cinq voitures anciennes garées sur un parking, sur le bas-côté. On s'arrête une centaine de mètres plus loin, en espérant qu'elles continuent leur route afin de les admirer : c'est gagné. L'un d'eux nous klaxonne pour nous saluer en passant devant nous.
C'est dans la ville d’Overton que Stéphane semble avoir vu les voitures tourner dans une rue sur notre gauche. On fait demi-tour un peu plus loin pour voir où elles ont pu aller… avant de se retrouver par hasard au Moapa Valley Car and Motorcycle Show, qui se tient à l'Overton Park, et ce depuis dix-huit ans. On est au paradis ! Alors qu'on avait fait quelques recherches (pas assez apparemment…) pour trouver ce genre d'évènements, nous voilà à un rassemblent de voitures anciennes, typiques des États-Unis.
Et ça commence ford. Pardon, fort. Avec une Ford T, entièrement rénovée. Elle est splendide ! On échange quelques mots avec le couple qui est installé dans leurs chaises de camping. Il ne la conduit que sur de petites portions de route pour ne pas l’abimer. Mais pour venir aujourd’hui, il l’a emmenée dans une remorque, tirée par son pickup.
On déambule dans la première allée, sous le charme de cette mécanique américaine. Mustang, Chevrolet, Ford, Cadillac, anciens pickups ou voitures de sport, tout y passe ! Elles sont toutes plus mythiques les unes que les autres. Plus loin, on tombe sur un pickup aux autocollants de la NASCAR Touring Series. Oh, il est à vendre !
Des merveilles remplissent cette pelouse, comme ce Chevrolet de 1966 à la couleur orange pétante. L'intérieur est magnifiquement entretenu. Plus loin, le propriétaire d'une Pontiac nous montre les deux sorties sur le capot : "C'est rare, ça permet de mieux refroidir le moteur." Quand il apprend qu'on est Français, il est désolé pour nous : "Bientôt à Paris, vous n'aurez plus de voiture…" nous dit-il, attristé par cette possibilité.
En voilà un qui vient de ramener sa Buick Riviera GS d'Alaska, il y a deux semaines ! Il nous confirme qu'il a bien fait tout le trajet jusqu'au Nevada au volant de la voiture. Il l'avait laissé dans un coin du garage pendant de longues années avant de se mettre à la restaurer. Elle lui appartient depuis cinquante ans !
Alors qu'on continue de s'émerveiller devant ces voitures qui nous font tant rêver, on entame la conversation avec un homme plutôt costaud, à la longue barbe blanche. Non, ce n'est pas le Père Noël; même si on a bien l'impression d'être en repérage dans un magasin de jouets avant Noël... Il nous explique qu'il vivait à Las Vegas par le passé mais qu'il a déménagé ici, à Overton, il y a quatre ans. "C'est bien plus calme et il n'y a pas besoin de passer tous les jours une heure sur l'autoroute dans les bouchons." Il vient tous les ans à ce rassemblement depuis son déménagement et cette année, il semble il y avoir encore plus de participants. Tant mieux pour nous ! Ayant habité à Las Vegas, il nous parle évidemment de la fusillade d'il y a deux semaines. En partant, il nous souhaite de passer une bonne journée et nous dit en rigolant "Don't get shot !" On va essayer…
Au bout de la rangée, un motor-home au design très atypique attire notre attention. Il semble d'ailleurs qu'on puisse le visiter. Le propriétaire nous invite à l'intérieur quand il voit notre hésitation. Cet UltraVan est surnommé "The Whale" (la baleine) à cause de sa forme très bizarre. Il nous explique que seuls 375 exemplaires ont été construits et il n'y en a plus qu'une centaine sur les routes. "D'ailleurs il y en a un à Paris normalement." Lui aussi l'utilise encore : il y a tout ce dont on peut avoir besoin dedans, même une salle de bain ! Je suis fan. L'espace dans le salon/poste de conduite est fantastique, un vrai petit appartement.
Certains n'y vont pas de mains mortes dans la déco : entre têtes de mort dans l'habitacle et balles de fusil dans le moteur… Mais cela ne veut rien dire : ils sont très accueillants ! Il y en a de tout âge : des personnes âgées, comme des couples avec enfants. Certains se baladent tranquillement dans les allées quand d'autres sont assis sur leur sièges de camping à bavarder entre passionnés, tout ça au son de la musique country. L'ambiance est bon enfant alors que le soleil tape fort en cette fin de matinée. Il faut aussi se protéger de temps à autres des rafales de vent qui emmènent avec elles une nuée de sable…
Une Ford Super Deluxe de la fin des années 1930 nous fait de l’œil. On reste scotchés par son état impeccable. L'homme âgé qui en est propriétaire nous remarque. "Vous la voulez ? Elle est à vendre. Je vois bien qu’elle vous plaît," dit-il en plaisantant à moitié. Il est de New York mais vit près de Las Vegas depuis quinze ans. Tous les mercredis, il se rassemble avec d'autres passionnés pour faire une virée après avoir pris le petit déjeuner tous ensemble. Il nous explique qu'elle est refaite à neuf : du moteur à l’autoradio. Il y a même la climatisation et les vitres électriques !
Au final, on reste plus d’une heure à ce rassemblement de vieilles voitures américaines. Quel plaisir de passer du temps dans un cadre si typique (qu’on adore, et ce même en France), et de pouvoir échanger avec ces passionnés locaux. Tout ça, par hasard complet ce qui dans un sens rend l'expérience encore plus belle.
Après un quart d’heure de route, on arrive à Valley of Fire State Park. Étant donné que ce n’est pas un parc national, on doit s’acquitter du droit d’entrée grâce au système d’enveloppe, qui nous rappelle notre visite de Lake Anna, il y a trois ans… On glisse l’argent dans l’enveloppe en remplissant les différents lignes : comme la plaque d'immatriculation et la date. Le vent est toujours aussi féroce et certains touristes en font les frais en devant courir après leur enveloppe qui essaye de s'échapper dans le désert !
Notre premier arrêt se fait à Lonely Rock pour notre repas de midi. La table est justement à l’ombre, à côté de ce gros rocher. Parfait ! Les chipmunks sont de nouveau en embuscade autour de nous et on doit parfois s’abriter pour éviter de manger du sable, balayé par le vent. Oh non, notre voiture toute propre ! À l'extérieur, elle tient encore le coup mais l'intérieur est dans un sacré état… Poussiéreux dans tous les recoins ! Ils vont avoir du boulot chez Alamo…
On retourne près de l’entrée du parc pour voir de plus près The Elephant Rock. Sur notre droite, on découvre le célèbre éléphant de roche. Le sentier passe près de la route avant de disparaitre. On décide donc de faire demi-tour. De l'autre côté de la route, on dirait un navire en train de couler… L'imagination a carte blanche dans un environnement pareil : les formes de toutes ces roches sont libres d'interprétation. Chacun aura la sienne.
On fait un stop au Petrified Log, un arbre changé en pierre par le temps, vieux de près de 150 millions d'années. C'est l'un des rares spécimens qui reste encore d'une ancienne forêt qui recouvraient ces terres. C'est assez difficile de s'imaginer ce désert recouvert d'arbres, et pourtant. Ça me donne encore plus envie de découvrir Petrified Forest National Park, près de Flagstaff… Ça sera pour un prochain voyage en Arizona. On a déjà pas mal de raisons de revenir, ce n'en est qu'une de plus.
Un crochet au Visitor Center me fait une petite frayeur : me voilà fasse à une tarentule. Elle est bien dans un terrarium cela dit. Mais je pensais d'abord que c'était une fausse… Pas du tout, c'est bien une vraie. Grrr ! Je m'éloigne vite fait d'ici, en me réjouissant de ne pas en avoir croisé jusqu'à maintenant. Prions pour que cela continue ainsi.
Notre premier choix de randonnée se porte sur The White Domes Trail, qui se situe tout au nord du parc. On passe par le célèbre point de vue de Rainbow Vista, sans s'arrêter pour l'instant. Mais on est déjà enchantés par l'endroit. La palette de couleurs devant nous est spectaculaire et a l'air artificielle, tellement elle est variée. De l'orange, du jaune, du rose… Nous voilà vers la fin du voyage et pourtant, on est encore surpris tous les jours : ce sont des couleurs qu'on n’avait encore jamais vus.
La randonnée de White Domes forme une boucle d'un peu plus de deux kilomètres et la première partie s'effectue dans du sable, dont les formes sont splendides ! Après cette première montée, il faut redescendre sur un chemin de cailloux et de pierres. Le soleil tape fort mais on continue malgré tout, entourés de couleurs complètement irréelles.
Plus loin, le chemin s'enfonce dans un canyon étroit où les parois nous rappellent celles de Capitol Reef : remplies de trous. Quel paradoxe ! Devant nous, cinq Américains, tous des hommes, ont l'air de bien s'amuser. Ils prennent en photo deux autres couples qui montent sur les côtés du canyon pour prendre la pose. L'un prend la photo avec deux téléphones en même temps, un autre se met trop en avant et apparait sur la photo du premier… C'est un vrai spectacle comique auquel on assiste. On reste derrière eux à admirer la scène en rigolant un bon coup. Eux aussi d'ailleurs !
Ils entament ainsi la conversation et proposent de nous prendre également en photo, après qu'on leur ait rendu ce même service. "Vous voyez tout le monde ? On est tous dessus ?" On a tout le monde ! Ils arrivent à escalader les parois de manière à ce que chaque tête soit visible, tout en restant en équilibre. Ce n'est pas si évident. Quand c'est notre tour, ils nous proposent de monter sur les bords du canyon mais on préfère rester sur la terre ferme. C'est plus sûr. Ce serait bête de se tordre la cheville aujourd'hui…
On fait quelques mètres près d'eux en échangeant quelques mots avant de continuer sur le chemin tandis qu'ils explorent un peu plus les environs. Un peu plus loin, on rattrape les deux couples d'acrobates vus plus tôt dans le canyon. La dame âgée à laquelle on parle en premier vient du Maryland mais deux autres, bien qu'ils soient Britanniques, habitent en France : près de Perpignan ! Que le monde est petit parfois. Ils sont arrivés il y a deux jours et se dirigent vers Zion. Comme c'est étrange de parler français par ici.
Après cette randonnée qui nous a ravie, on se dirige vers la célèbre Fire Wave. Le coin le plus connu du parc. Autant dire que le parking est bondé ! On arrive au bon moment pour trouver une place près d'un énorme camping-car. Un jeune couple arrive avec une Mustang cabriolet et ne se gêne pas pour se garer à moitié sur les rochers, dans une pente, sur le côté du parking. Ça nous fait mal au cœur ! Ça se voit que ce n'est pas la leur… L'entretien de ces voitures n'est clairement pas la même que celui des beautés qu'on a pu voir au rassemblement ce matin.
On traverse la route pour entamer cette randonnée qui commence par une grande descente…. dans du sable. Je pense déjà au retour et au fait qu'il va falloir la remonter, sous la chaleur, ça n'arrange rien. Nous ne sommes pas seuls, il y a plusieurs personnes autour de nous. Alors qu'on tourne vers la gauche, une femme vient en sens inverse pour nous dire que ce n'est pas par là. Il y a un panneau "Wrong Way". On prend alors ce qui ressemble à un chemin… qui n'en est pas un. On se disait que le chemin n'est pas facile à suivre… c'est tout simplement parce que nous ne sommes pas dessus. On voit des randonneurs au loin en train de marcher sur la roche. On va tenter de récupérer le sentier comme on peut, se sentant un peu coupable d'être en hors-piste, chose qui n'est pas très bien vue dans les parcs.
On suit les longues lignes de couleurs blanches dans cette roche rouge pour avancer sur ce qui semble être le sentier. Des petits cailloux foncés trainent dans les recoins. J'en tape plusieurs par mégarde avec ma chaussure et je suis surprise du bruit : on dirait que la roche sur laquelle on marche est toute creuse. À moins que ce soit les petits cailloux ? Le mystère reste entier.
Après une dizaine de minutes de marche, l'arrivée est en vue. Au premier abord, on peine un peu à reconnaitre la célèbre forme de vague dans la roche. Mais tout le coin est très joli. Quel spectacle de couleurs et de formes ! Ce parc est finalement bien plus grand qu'on ne pensait et mériterait une journée entière pour profiter des différentes randonnées. C'est une très bonne surprise, en cette fin de séjour.
Alors qu'on est sur le chemin du retour, on se retrouve nez à nez avec le panneau vu plus tôt "Wrong Way". En fait, il indique simplement qu'il ne faut pas monter sur la petite colline… En tout cas, il est bien plus compréhensible sur le chemin du retour, qu'il ne l'est à l'aller. Avant d'arriver au parking, on croise une femme qui nous demande "Is it pretty?" Oui, on confirme que c'est un très joli endroit.
Le parc demande aux visiteurs de ne laisser que des empreintes, pas de déchets, afin de respecter les lieux. Certains suivent ça au pied (!) de la lettre et laissent effectivement des empreintes qui montrent qu'ils sont venus en New Balance !
En revenant sur le parking, notre cœur se brise en voyant deux Camaro cabriolets, laissées ouvertes alors que le sable vole dans tous les sens. La nôtre est déjà bien poussiéreuse comme ça alors qu'elle est fermée… Je n'ose pas imaginer à quoi ces deux-là ressembleront quand leur propriétaires (ou locataires) reviendront. D'ailleurs par ici, c'est facile de savoir si ce sont des voitures de location : si c'est une plaque Californienne commençant par le chiffre 7, il y a de fortes chances pour qu'elle le soit.
On s'arrête enfin à Rainbow Vista qui offre effectivement une vue splendide sur la route qui serpente au milieu de ces roches aux couleurs improbables, avant de prendre la route pour rejoindre l'ouest du parc. Stéphane a la force de monter les escaliers qui mènent à l'Atlatl Rock, où sont gravés de nombreux pétroglyphes : moi je ne l'ai pas et reste tranquillement dans la voiture. On rejoint ensuite les Beehives, ces roches en forme de nid d'abeilles pour ce qui sera notre dernier arrêt dans ce parc.
On décide de revenir vers Las Vegas en longeant le lac Mead par la route 167. On aimerait bien s'approcher un peu et nous voilà tout à coup sur une piste en terre (et notre voiture toute propre alors ?). Une voiture est devant nous et semble aussi perdue que nous. Elle décide de faire demi-tour, tandis qu'on continue, sans trop savoir où cela va nous mener. Nous voilà en fait à Stewarts Point où il y a une ou deux maisons et un camping-car qui semble vouloir passer la nuit ici.
Mieux vaut jouer la sécurité et revenir sur la route normale. En plus, ce serait bête de crever maintenant. La route est splendide et quasiment déserte alors que le soleil se couche pour nous offrir des couleurs incroyables. Cela dit, on a le soleil en pleine face et ce n'est pas du tout facile pour rouler. Mais on ne va pas se plaindre, profitons juste du spectacle !
On est "escortés" par pas moins de sept hélicoptères, qui reviennent probablement du barrage Hoover ou du Grand Canyon avant de survoler Las Vegas de nuit. C'est impressionnant de voir la manière dont ils se suivent, comme sur une autoroute.
On se rapproche des alentours de Las Vegas et c'est une sensation bizarre : on a l'impression que c'était il y a bien longtemps, et en même temps, ça pourrait être hier qu'on a commencé notre boucle. On voit au loin le centre-ville illuminé, avec ce dégradé de bleu et violet dans le ciel et la musique country à la radio… Quel cliché ! C'est tellement parfait et pourtant c'est bien la réalité.
Nous voilà de retour sur l'I-215 et il faut se réadapter très vite à la conduite. "Ça par contre, ça m'avait pas manqué !" dit Stéphane alors qu'on se fait dépasser de tous les côtés. Il préfère largement la conduite à l'est, qu'on a pu tester lors de nos précédents voyages. De ce côté-ci du continent, la conduite est bien plus musclée. Heureusement d'ailleurs qu'il y a ces fameux points réfléchissants sur la chaussée pour savoir dans quelle voie on se trouve.
On arrive au Baymont Inn & Suites, qui se situe au sud de la ville. Le réceptionniste nous dit qu'il n'a qu'une nuit d'enregistrée alors qu'on en a réservé deux… Ça commence bien ! Il faudra repasser demain soir pour refaire un check-in. C'est bien la première fois que ça nous arrive. En sortant, Stéphane tient la porte à une Américaine et son mari, qui lui met la main sur l'épaule pour lui donner un conseil en rigolant : "Faites attention, ils ne sont pas très sympas ici. On dirait qu'ils ne veulent pas de clients…" Dans ce cas, on espère que la chambre sera plus accueillante que les employés.
Le temps de monter les affaires dans la chambre puis on part manger au iHop, à deux pas, puisqu'on peut bénéficier de 20% de réduction avec la carte de l'hôtel. Ce sera Cobb Salad pour Stéphane et Philly Steak Sandwich pour moi.
Étant donné que l'iHop se trouve juste à côté des South Premium Outlets et plus particulièrement du magasin Columbia, on part faire un peu de shopping : chose tellement rare pour nous que s'en est vraiment étrange de se retrouver dans le rayons à fouiner dans les rangées de vêtements… Finalement je ressortirai avec une chemise avant de retourner à l'hôtel.
Deuxième mauvaise surprise : nous voilà coincés dehors. Aucune des deux cartes pour entrer dans notre chambre ne fonctionne. Pendant un moment, on se demande même si c'est la bonne chambre qu'on est en train d'essayer d'ouvrir… On retourne à l'accueil pour qu'ils nous reprogramment les cartes. Alors qu'on vient d'entrer dans notre chambre il y a cinq minutes, quelqu'un toque à la porte. Le réceptionniste qui nous a réparé nos cartes nous explique que son collègue a oublié de nous prélever la somme : il n'a rien débité lors du check-in. Il nous fait donc signer un papier, qui contient cette fois les deux nuits. Inutile de refaire un check-in demain. Ouf !
Il n'est même pas 21h, cette fois, on décide d'aller jeter un œil au centre-ville en allant sur le Strip, au moins en voiture. Ça promet, quand on voit sept voies de circulation dans un seul sens ! On se croirait sur Times Square avec tous ces panneaux lumineux. Oh, la Tour Eiffel ! Et là, l'énorme bouteille de Coca ! On entend gronder les moteurs de voitures de sport qui veulent se faire remarquer et la musique qui est audible sur toute la longueur du Strip. Et ce monde ! En même temps, on est samedi soir.
Impossible de résister à la tentation de parcourir cette avenue à pied, "au moins un petit bout" (en fait, les trois quarts…). Je m'étais noté quelques parkings d'hôtels qui sont encore gratuits pour l'instant, avant qu'eux aussi ne se mettent à les faire payer… On se gare à celui du Palazzo, qui se trouve vers le nord du Strip.
Déjà faut-il trouver la sortie dans ce bâtiment ! On n'ose à peine sortir de l'ascenseur en voyant les murs de marbre. On ne se sent pas du tout à notre place. Stéphane est en short avec veste à capuche, quand d'autres sont en costard. On a l'impression de faire un peu tache dans ce décor.
On retrouve l'air libre après un premier aperçu grandiose de ce bâtiment, et on commence notre descente du Strip en passant devant le Venetian, qui recrée les canaux de Venise en promenant des touristes sur des gondoles. On repense alors au Hollandais croisé sur la route avant Capitol Reef. Oui, c'est dingue à Vegas ! On n'ose pas entrer à l'intérieur des casinos, à cause de la tenue vestimentaire. Mais très vite, on se rend compte qu'on s'en fiche complètement de la tenue par ici. Les costards cohabitent très bien avec les tenues très décontractées.
Peu importe, on se réserve l'intérieur des hôtels et casinos pour demain, on aura toute la journée pour en "profiter". Nous voilà au premier croisement. Comment traverser puisqu'il n'y a pas de passages piétons ? Ah oui, ce sont des escalators qui nous emmènent sur une passerelle pour traverser la route. Logique ! Ces passerelles sont connectées pour passer d'un hôtel à un autre, ça va de soi. On est stupéfaits. Bref, inutile de se mêler à la circulation. D'ailleurs, je n'oserais pas m'y aventurer…
Oh, la Tour Eiffel ! Nous y voilà. Et l'entrée de la gare ! Et le petit café ! Oui, on se croirait totalement à Paris. L'effet est garanti. "Mais c'est un gros truc de malade," lance Stéphane, en regardant tout autour : ces lumières, cette musique, ces immeubles, cette foule… "Un gros truc de malade," j'avoue que cela résume très bien cette partie de la ville.
Clairement il faut le voir au moins une fois. C'est tellement trop, tellement extravagant, tellement "fake", qu'on ne peut pas le prendre au sérieux. Et clairement, eux n'ont plus, ces hôteliers, ces propriétaires, ne peuvent pas prendre tout ça au sérieux. On est dans l'entertainment à l'état pur. On se croirait dans un énorme parc d'attraction et finalement, pourquoi pas ?
On fait un arrêt au M&M Store. Étrange de se dire que c'est également l'un des seuls magasins qu'on avait visités sur Times Square en 2011. Après les roches multicolores de Valley of Fire, nous voilà entourés de bonbons multicolores ! Au quatrième étage, il y a même la voiture de NASCAR de Kyle Busch, qui est d'ailleurs originaire de Las Vegas.
On descend encore le Strip (on n'est plus à ça près…) en passant devant le New York, New York jusqu'à rejoindre l'Excalibur. Nous voilà sur le pont de Brooklyn, au pied de l'Empire State Building et de la Statue de la Liberté. Les détails sont fascinants, comme les panneaux qui ressemblent tellement à ceux des stations de métro de la Big Apple.
Las Vegas c'est de la pub de tous les côtés : sur les écrans géants mais aussi sur les prospectus et autres cartes de visites tendus à tous les passants par les distributeurs qui font ça toute la journée (et soirée !). Les trottoirs en sont d'ailleurs remplis : autant les distributeurs, que les prospectus…. qui se retrouvent souvent sur le sol un peu plus loin.
Étrange, de voir tout le monde zyeuter discrètement les environs quand on entend une sirène de police ou d'ambulance : une petite anxiété qui s'évapore quand on remarque qu'il n'y a rien d'anormal. J'avoue faire de même.
Quel monde ! On en revient presque à regretter Zion, c’est pour dire… Toute cette foule tient à peine sur les refuges entre les voies de circulation. On comprend mieux la nécessité et l'utilité des passerelles au lieu des passages piétons.
On arrive au Bellagio après 23h, où l'on attend quelques minutes pour voir le célèbre spectacle d'eau et de lumières. Honnêtement, ça vaut le détour ! La musique est géniale et on se régale pendant cinq minutes avec la danse de ces jets d'eau immenses dans un décor somptueux.
Le Caesars Palace nous offre la fontaine de Trevi, et le Mirage, un nouveau spectacle de fontaines, moins grandiose et impressionnant que le Bellagio cela dit. Il est minuit passé quand on revient au Palazzo, où l'on galère un peu à retrouver l'entrée du parking… On se guide comme on peut dans les couloirs de cette énorme galerie commerciale. On doit encore affronter les bouchons en quittant le parking couvert !
On se couche à 1h du matin, ou 2h pour nous si on reste à l'heure de l'Utah… alors qu'on est debout depuis 6h30. Il est temps d'aller se reposer, surtout après toute cette agitation à laquelle on n'était plus habitués.
Poster un commentaire